Splendeur de l’hindouisme et clameur des klaxons à Maduraï
L’arrivée à Maduraï a été pour nous un double choc et l’occasion de découvrir de nouvelles facettes de l’inde.
Premier choc : la rue !
Choc de la rue indienne bourdonnante, en mouvement continuel, avec ses klaxons incessants, ses rues boueuses, ses trottoirs – euh, quels trottoirs ? – sa circulation omniprésente et chaotique. Les petits métiers, les gens qui déplient un bout de tissu dans la rue et y alignent quelques babioles à vendre, les petits marchés à la sauvette mais permanents, les grappes d’Indiens partout, allongés à même le sol, accroupis, dormant dans leurs véhicules : tuktuk ou tricycles et les nombreux mendiants qui vous montrent leur bouche pour dire qu’ils ont faim. Dans la rue, la saturation des sens est permanente : couleurs, bruits, odeurs. Les photos et même les vidéos sont toujours décevantes car incapables de transmettre cette atmosphère si particulière. On réalise alors que les lieux qu’on a vu jusqu’ici dans le Kérala et qui nous paraissaient déjà très animés, étaient en fait des endroits plutôt calmes pour l’Inde !
Par quel bout prendre cette ville qui nous paraît tentaculaire ? Mani, un chauffeur de pousse-pousse, nous fait découvrir et partager sa ville avec beaucoup de tendresse et d’humanité : le marché aux tissus et ses tailleurs en enfilade dans un temple désacralisé, le marché aux bananes (le wall street de la banane, nous dit-il), le marché aux légumes et ses étals colorés puis celui aux bambous… Nous buvons sur ses conseils un délicieux Jigarthanda, boisson sucrée dont raffolent les Indiens, avant de faire un détour au musée Gandhi. Maduraï est en effet la ville où il décida de ne plus porter les habits occidentaux mais d’adopter le dhoti, drap noué en pagne, typique des paysans indiens.
Second choc : le temple
Une merveille architecturale et un temple hindou très ancien et très vivant. Ce temple est une vraie ville dans la ville, avec ses marchands, ses rituels, ses horaires et ses règles. Son architecture typique des temples dravidiens avec ces grosses tours pyramidales à la fois massives et grouillantes de sculptures colorées. On les appelle des gopura. Là nous rencontrons Mina, un guide francophone qui nous embarque dans ce labyrinthe et nous révèle quelques secrets sur le temple et quelques épisodes de l’histoire de Shiva et Parvati, sa femme, à qui est dédié le temple. Il pose sur nos fronts de la poudre rouge et blanche (faite avec de la cendre de bouse de vache : rien ne se perd !). Il nous conseille de revenir le soir pour assister au rituel du voyage de la statue. En effet, la statue de Shiva est déplacée à chaque coucher du soleil pour passer la nuit en compagnie de la statue de sa femme Parvati, sise dans un autre temple, afin qu’ils puissent engendrer le monde. Fumées d’encens, sons du tambour et de la flute et ferveur des participants nous étourdissent.
Maduraï est une ville très touristique… pour les Indiens ! De pèlerinage même. Nous n’y croisons que peu d’Européens. Et nous devenons nous-mêmes une attraction : notre peau blanche fascine et tout le monde veut son selfie avec les petits frenchies, en particulier avec Ernest ! What’s your name ? Which country ? Photo please ? Snap ? Ça a pris de telle proportions qu’on a fini par refuser systématiquement (et poliment), dur dur d’être des stars !
Cécile et Olivier