Auteur/autrice : Cecile

La Riveria de Opatija et le golfe de Kvarner

La Riveria de Opatija et le golfe de Kvarner

Les pieds dans l’Adriatique

Enfin ! Après la traversée de l’Italie et d’un petit bout de côte Slovène, nous atteignons la Croatie (Hrvatska en croate, le H prononcé comme la jota espagnole), HR sur les plaques d’immatriculation européennes.
Notre première destination est la petite ville d’Opatija, l’une des premières stations balnéaires de l’Empire Autro-hongrois jusqu’à la Première guerre mondiale. Comparée à Nice, elle abrite de magnifiques palais colorés, marqués par l’influence vénitienne, et des jardins aux essences exotiques qui descendent leurs fleurs jusqu’à la mer transparente. Elle a accueilli les rois de Suède, de Roumanie, les tsars russes et des célébrités telles que Isadora Ducan, Tchekhov, Puccini ou Gustav Mahler… Il est toujours délicieux de se promener le long de la promenade piétonne François-Joseph, le Lungomare, qui se déroule sur 12 km, même si nous ne sommes que de simples touristes français du XXIe siècle !
Dès notre arrivée, nous testons l’une des petites criques aménagées de cette promenade (en Croatie, pas de sable fin… les plages sont de galets ou même de pierres ! Donc les petites avancées de béton avec une échelle pour descendre dans la mer sont bienvenues pour ceux qui n’ont pas de chaussures de rivière, comme nous !) L’eau est parfaite, transparente et d’une température idéale. Nous remontons dormir à notre camping qui domine la côte, après avoir retiré quelques kunas (la Croatie ne fait pas encore partie de la zone euro) – qui nous seront volés la nuit-même par un gentil brigand qui décide de nous alléger les porte-monnaie mais de nous laisser nos papiers, nos cartes bancaires, nos téléphones… merci !

Le nez au vent, la tête au large !

Nous partons ensuite sur la petite route côtière qui longe le golfe de Kvarner, toujours sur les traces des premiers touristes aisés de la Belle Époque : au loin, un chapelet de petites îles, sous nos yeux, la mer d’un bleu translucide et une côte découpée, apparemment préservée.
Nous passons le port de Rijeka et poursuivons notre périple jusqu’à la petite ville médiévale de Senj. Face à l’île de Krk (prononcer « Keurk »), sa grande porte et sa forteresse perchée sur la falaise montrent qu’elle fut un bastion de la lutte contre les Ottomans. Nous pénétrons dans le dédale des rues de la Vieille ville et nous laissons porter par le hasard. Au coin de la place du Marché, occupée par un grand chapiteau qui couvre même la fontaine, un petit artisan vend de très jolies et singulières poteries. Il nous fait découvrir l’alphabet glagolitique, qui fut celui des premiers textes croates publiés. Chaque signe correspond à la fois à une lettre et à un nombre.


Nous dégustons une glace bienvenue avant de reprendre la route de la corniche qui donne plusieurs points de vue magnifiques sur le golfe et ses îles dénudées. Nous faisons une dernière halte à la nuit tombante dans un minuscule port de pêche, Jablanac. C’est le point d’embarquement pour le ferry qui mène à l’île de Rab, mais aussi un joli village, avec une chapelle les pieds dans l’eau et un fjord. Nous nous y baignons alors que les derniers touristes partent, avec 3 dames du village qui rient dans les vagues. Puis nous cédons à l’envie de manger, dans l’unique restaurant animé, un plat de poisson frais délicieux. La nuit est très belle, le ciel étoilé et la mer immenses nous font une petite place sur la terre…

Direction Croatie

Direction Croatie

L’aventure !

Depuis notre séjour aux États-Unis, l’envie de faire un road-trip en camping-car nous titillait. Un dernier voyage, sous un autre format, pour clore notre année de vadrouille…
Pour réaliser ce projet le plus raisonnablement possible, Olivier a trouvé sur Yescapa, un site de location entre particuliers, un T4 VW pour 5 personnes. Ne restait plus qu’à choisir la destination…
Bien avant la finale de la coupe du monde de football, nous avions décidé de partir découvrir la Croatie, dernier pays à entrer dans l’UE et que nous ne connaissions pas du tout. 15 jours, un temps plus court cette fois-ci, qui ne nous permettait pas vraiment de faire trop de détours si nous souhaitions atteindre notre destination… mais en camion, c’est tous les jours l’aventure et nous avions décidé de ne rien préparer avant le départ. Ni trajet, ni étapes, ni lectures…

C’est parti !

Le 1er août, la première étape était avant tout de rejoindre notre Popo, localisé à Tours et de le prendre en main. Dans la chaleur cuisante de cet été caniculaire, nous avons fait connaissance avec notre véhicule-maison pour les jours à venir. Conduite cool, fenêtres ouvertes pour une « climatisation » naturelle et petites routes pour se familiariser. Le soir, grâce à l’incontournable application Park4night (conseillée par Catherine et Florent), nous nous sommes établis dans un petit coin de verdure au pied du Cher pour notre première nuit. Calme, moustiques et pique-nique !

Premières aventures au pied du Mont Blanc…

Après une 2e journée de chaleur toujours plus écrasante, nous décidons de rouler pendant les heures plus fraîches le matin et le soir. Dans la journée, nous localisons le point d’eau le plus proche pour rafraîchir nos corps et nos idées… vive la piscine de la Loue près de Montluçon ! Notre pause du soir se passe à Digoin où un canal enjambe la Loire, nous dînons au bord de l’eau. Après une nuit et un petit-déjeuner chez Bernard et Sylvette, nous repartons déterminés, prêts à franchir les Alpes et atteindre l’Italie.
Un peu avant le tunnel du Mont Blanc, notre vaillant véhicule en pleine ascension fait un drôle de bruit. Il a besoin d’une pause : sa courroie d’accessoires est restée sur l’autoroute et sa direction boude. Heureusement, un sympathique garagiste anglais s’occupe de tout… il faudra cependant attendre 3 jours pour que les pièces arrivent et qu’il puisse faire la réparation, car nous sommes vendredi soir !
Qu’à cela ne tienne, Chamonix, on ne connaît pas… très joli comme coin !
Nous en profitons donc pour faire un peu de tourisme de montagne : par le petit train du Montenvers, nous atteignons la Mer de Glace. Visite impressionnante de ce glacier qui ne cesse de maigrir chaque année et qui est aujourd’hui tout empierré à son extrémité. Nous apprenons qu’il allait même jusqu’à Lyon !

Le lendemain, puisqu’il s’agit de faire sans voiture, nous montons à pied les 500 m de dénivelé qui nous séparent du parc du Merlet. Belle randonnée ! L’entrée du parc est moins chère pour ceux qui arrivent à pied… mais la plus belle récompense est la visite du site, magnifique, face au Mont Blanc et au glacier des Bossons. Dans les coins d’ombre, on peut observer des cerfs, des chamois, des bouquetins et des mouflons dont nous apprenons les mœurs au cours d’une animation fort intéressante. Le retour, à pied aussi, se fait au son du tonnerre puis sous la pluie battante !
Cette pause à Chamonix nous permet aussi de croiser, sur l’aire d’atterrissage des parapentes, Catherine, Florent et leurs enfants Marie, Camille et Emmanuel qui reviennent, eux, tout droit de Croatie. Juste de quoi nous mettre en appétit pour le voyage qui est encore devant nous !

Voyage « revival » en Italie

C’est le moment idéal pour franchir les Alpes et nous ne faisons même pas la queue pour entrer dans le tunnel du Mont Blanc. La route est à nous ! Le popo est en forme, il file sur les autoroutes du nord de l’Italie, nous avalons les kilomètres à la fraîche, un objectif secret en tête : atteindre Pescantina et faire la surprise aux garçons de revenir sur les lieux que nous avions visités il y a 4 ans de cela. Le lendemain, nous retrouvons en effet la petite ville d’Italie au milieu de ses vignes et surtout son restaurant avec piscine dont les toboggans avaient tant marqué Ernest. La chaleur est à son comble, nous décidons de céder délicieusement à la tentation des toboggans, de l’eau et du restaurant… Les pâtes italiennes sont délicieuses (petite pensée à Anne), les toboggans toujours incroyables (même si Ernest est très vexé d’être trop jeune pour tous les essayer), l’ombre est parfaite pour lire entre deux plongeons. Une ambiance familiale règne. Nous décidons difficilement de reprendre la route avant la nuit ! La dernière avant la Croatie… elle se passe dans un petit coin perdu de la campagne italienne, juste avant la frontière Slovène, au pied d’une charmante petite chapelle. Pour un début de road-trip, ça commence bien !

Les voyages forment la jeunesse… rencontre autour de notre expérience le 9 juin à Paris

Les voyages forment la jeunesse… rencontre autour de notre expérience le 9 juin à Paris

À l’issue de cette année de voyages, l’heure des bilans arrive… qu’est-ce qu’on a découvert pendant cette année ? qu’a-t-on chacun appris ? comment l’a-t-on vécu ? que nous en reste-t-il? quelles envies sont nées ? et la suite… ?!

Sur l’invitation du Printemps de l’éducation, samedi 9 juin, de 17h30 à 19h, nous viendrons tous les 5 à l’École Être et Savoir (2 rue Santerre 75012, près de Nation) pour partager notre expérience.

Pourquoi cette année de voyages ? Quels moyens nous-sommes nous donnés ? Comment avons-nous organisé les apprentissages, les temps en famille et les temps pour soi, la vie sans école et sans argent… Qu’est-ce qui fait peur, qu’est-ce qui fait envie, qu’est-ce qui surgit et que l’on n’avait pas du tout prévu ?

Soyez nombreux à venir, inscrivez-vous et n’hésitez pas à partager l’information !
On vous prépare quelques photos et des témoignages exclusifs… et pour couronner le tout, la rencontre sera suivie d’un buffet pour continuer de façon conviviale les discussions !

Notre année n’est certes pas finie… et depuis l’Ardèche où nous sommes actuellement, nous imaginons déjà les grandes lignes de notre prochain voyage : après la Bretagne, la Grèce, l’Inde, l’Ouest américain, nous traverserons cet été une petite partie de l’Europe en Combi Wolkswagen pour aller chatouiller les côtes de la Croatie.

Notre année de découvertes en famille

Au plaisir de vous voir !
La famille 10 pieds 10 mains

Le Grand Canyon – La Nature en grand format

Le Grand Canyon – La Nature en grand format

Camper dans un parc national américain

  • La nature et les animaux (des élans, des écureuils, la neige, les sous-bois, les pommes de pin…)
  • Les feux de bois, la vaisselle à l’eau froide, le rêve d’une douche chaude
  • Les voisins sympas en toute circonstance : prêt de duvets pour résister au froid (-6°C), appel d’un ranger pour soigner les blessures des branches dans le noir…

Visiter le Grand Canyon

  • Un peu de géologie : un frottement de plaques, des couches de roche qui affleurent, le fleuve Colorado qui va se jeter dans le golfe du Mexique, l’érosion.
  • Les scenic views de la rive sud : un paysage à couper le souffle, à perte de vue.
  • Les touristes : c’est nous ! mais on n’est pas tout seuls… (photos à venir dans un autre article)

Une expérience à vivre

  • Le South Kaibab trail : descente à pied dans le Grand Canyon (plus on descend, plus on a chaud, plus on s’émerveille…), arrêt au Skeleton Point, à plusieurs heures de marche des rives du Colorado.
  • L’eau : une question vitale ! La soif… mais aussi l’enjeu écologique, économiser une ressource naturelle devenue précieuse dans la région.
  • Courbatures et bons souvenirs.

 

L’Arizona par ma fenêtre

L’Arizona par ma fenêtre

On the road… les espaces aux États-Unis n’ont rien à voir avec les paysages européens. Même si le Grand Canyon n’a pas l’air loin du lac Powell, nous passons du temps dans la voiture, à parcourir et admirer des paysages toujours plus étonnants les uns que les autres. Nous quittons la forêt Kaibab et ses sapins enneigés pour trouver des landes désertiques mais toujours sillonnées de canyons, bordées de falaises roses, parsemées de bosquets d’arbres et de touffes herbeuses battus par les vents.
Le nez collé à la vitre, nous entrons dans le territoire Navajo et découvrons un habitat clairsemé, fait de petites bicoques espacées, caravanes, maisons de bois peintes. La terre est ocre et s’envole dans les cours en tourbillonnant entre les roues des pick-up. D’énormes potences transportent l’électricité en ligne droite, sans se soucier de la beauté du pays. Parfois, des chevaux, quelques vaches parmi les herbes.
Puis apparaissent des collines noires sous les nuages, auxquelles succèdent des paysages lunaires rouges… au loin la cime enneigée d’une montagne bleue et les trois cheminées d’une énorme usine, posée au milieu de ce décor irréel.
La route, cordon sombre qui se déroule à travers les paysages, charrie son flot d’énormes camions, trucks américains si caractéristiques, de 4×4 plus hauts que des tracteurs, de camping-cars longs comme des bus… Pourtant la route est à nous et nous sommes les rois de l’Amérique ! Tout nous éblouit : on se croirait dans un film, mais c’est la réalité qui nous rattrape, un rêve les yeux ouverts, avec ses coups d’éclats et ses côtés sombres. Il ne manque que quelques poissons dans le ciel et la musique de Iggy Pop…

Parenthèse à Puducherry

Parenthèse à Puducherry

Pondichéry

Depuis 1954, Pondichéry n’est plus un territoire français. Aujourd’hui, peu d’habitants parlent encore le français, mais il reste dans cette ville un petit air colonial qui lui donne un caractère à part. C’est une petite ville indienne de 700 000 habitants dont le plan en damier, très rare dans la topologie urbaine locale, est enclos dans un boulevard circulaire. Elle est partagée sur un axe nord-sud en deux parties très distinctes.
À l’Est d’un canal à sec et malodorant, la ville blanche porte bien son nom : ancien quartier français, l’habitat y est influencé par l’architecture européenne et la population reste plus riche et plus occidentale qu’ailleurs. Les rues s’appellent Suffren, Laporte, Surcouff, de La Bourdonnais… L’alliance Française, les ambassades, le lycée français, les parcs ombragés, le monument aux morts de la guerre 14-18 et les résidences et restaurants cossus s’y côtoient dans un calme et un ordre qui fait oublier que nous en sommes en Inde. Sa promenade le long de la mer, digne d’une station thermale, est très fréquentée à la tombée de la nuit.

À l’ouest, la ville tamoule est elle-même divisée en 3 quartiers : le quartier musulman, le quartier chrétien et le quartier hindou ; et, de fait, on y croise successivement des mosquées et des grilles de portes ouvragées en moucharabieh, des églises catholiques aux vierges éclatantes, un temple hindou avec son éléphant. Cette partie de la ville est le poumon populaire et véritablement indien de la ville. Le Sunday market, qui prend place le dimanche sur la Mahathma Gandhi Road, vaut une visite : bain de foule, d’odeurs et de couleurs !
Sans doute est-ce pour cette raison que les touristes font souvent une halte prolongée à Pondichéry. On y trouve à la fois les couleurs débridées de l’Inde mais aussi le repos nécessaire à nos sens surexcités. Cependant, si l’on sent nettement la différence entre les deux « villes » qui forment Puducherry, ici les trottoirs sont aussi défoncés que là-bas, les tuk-tuk foncent à travers les rues en poussant leur klaxon tonitruant, les chiens errants ou les vaches sacrées clopinent un peu partout et les boutiques à touristes offrent les mêmes tuniques chamarrées aux quatre coins de la ville. Pondichéry reste Puducherry, une ville indienne !

 

Pause à la pension Swades

Comme beaucoup, nous avons décidé de faire une halte plus longue à Pondichéry histoire de reprendre notre souffle après notre traversée du Tamil Nadu et avant de repartir pour Kochi. Nous nous sommes installés dans la charmante pension Swades située dans le quartier musulman, juste à la limite de la ville blanche mais aussi, juste à côté d’une mosquée. Les enfants ont dû s’habituer à se rendormir après le premier appel à la prière dès 5h du matin… mais la pension offrait bien des avantages : nous avions notre appartement à nous dans une charmante petite rue populaire, calme et très bien située. De l’autre côté de la rue se trouvait la salle et cuisine communes et une terrasse donnant sur les toits où corneilles, écureuils et même quelques singes aperçus de loin, venaient nous tenir compagnie. Le matin, les petits déjeuners préparés par Solange étaient un régal. D’autant qu’ils étaient souvent agrémentés de rencontres avec les autres habitants de la pension. Le Guide du Routard faisant bien son travail chez les touristes français, la pension Swades est très fréquentée des frenchies… nous avons eu le plaisir de rencontrer Anna qui faisait un stage dans une école de campagne, Geneviève qui cherchait des traces de son enfance dans un orphelinat de la ville et Fanny qui revenait en Inde après plusieurs années. Mais aussi Nelly et Alain, un couple d’enseignants de Caen à la retraite, avec qui nous avons échangé des bonnes adresses, des souvenirs, des conseils de santé et de chaussures ! Mujib, notre hôte, était de très bon conseil et nous a permis de réaliser un programme à la carte pendant notre séjour à Pondichéry. Nous avons profité pleinement de cette halte à Puducherry : déambulations dans la ville, visite à Auroville, repos, lecture, baignade à la Serenity Beach, rencontres, visite de Ginjee, petits restaurants d’inspiration occidentale pour reposer nos papilles et, sur les conseils du cousin Guillaume, achat de sandales faites sur mesure et sous nos yeux ! Nous gardons de ce passage à Pondichéry et à la Swades Guesthouse un très heureux souvenir.

 

Sur la route des temples dravidiens

Sur la route des temples dravidiens

Bien que rentrés depuis un mois, l’Inde, ses villes et paysages, ses habitants, son tohu-bohu de couleurs, de bruits et d’odeurs nous habitent encore. Il nous reste encore beaucoup à raconter avant de nous projeter sur notre prochaine destination – la Californie – un tout autre monde…

Encore des temples !

Lorsque nous avons quitté Rameswaram, cette île au sud-est de la péninsule indienne qui fait face au Sri Lanka, nous sommes remontés au nord du Tamil Nadu, en train puis en voiture, jusqu’à Pondichéry.
Il faut le dire, nous avions eu notre « dose » de temple et de puja depuis Maduraï… pourtant, sur notre route, d’incroyables temples datant de la dynastie Chola, tous classés au patrimoine mondial de l’Unesco, nous ont surpris et impressionnés par leur imposante beauté. Maduraï nous avait bluffé avec ses gopuram surdimensionnés, ses statues par milliers et ses couleurs à tout casser. Fascinant, ostentatoire. Mais que dire de la beauté des temples de Tanjore, Darasuram et Gongaikondacholapuram, dont les pierres finement ciselées et gorgées de soleil nous semblent parler d’autres temps ?
Bien que ressemblants, ces trois temples ont chacun leur caractère. Dédiés à Shiva, ils ont chacun leur Nandi (vache qui est le véhicule sacré du dieu Shiva), ici discret, là presque aussi grand que le temple lui-même, leur lingam, leur mandapa. On y trouve une foule de personnes en fin de journée, déambulant sur les pelouses et les terrasses qui entourent les temples et donnent aux lieux un air de villégiature. Des perroquets, des écureuils ou des singes partagent les coins d’ombre avec les nombreuses statues sur les impressionnants gopuram de pierre blonde. L’un en pleine ville, les autres en pleine nature, tous sont des temples « vivants » où les rites sont encore pratiqués et les fidèles nombreux. Ici un Bouddha, là un Ganesh, partout des divinités ou des demi-dieux se partagent les piliers, les murs d’enceinte, les façades et les rampes d’escaliers. Dans cette profusion de motifs et de sculptures, on se sent remis à notre place, quelque part dans l’immensité du monde avec pour repère une bougie qui brûle ici, une couronne de fleurs qui repose là et, tout près, un enfant qui court et éclate de rire. Il est vrai, les rois Rajaraja qui ont été à l’origine de ces constructions il y a plus de dix siècles ne se sont pas trompés… par-delà les temps, ces temples en imposent encore par leur puissante majesté.

Tanjore

Darasuram

Gongaikondacholapuram

… et Mahabalipuram, pour couronner le tout

Mamallapuram (autre nom de ce village de pêcheurs et de tailleurs de pierre) concentre un nombre incroyable de monuments datant de la dynastie des Pallava, édifiés entre les VI et VIIIe siècles. C’est en quittant Pondichéry, sur la route vers Chennaï, que nous y avons fait une (trop) courte halte pour découvrir… le shore temple, un temple classé au patrimoine mondial de l’Unesco ! Celui-ci est un des plus vieux de l’Inde du sud et fait directement face à l’océan. Les nandis qui ornent son enceinte et toutes ses sculptures de pierre sont usées par les embruns ; l’eau, le sel, le vent et le temps ayant fait un sacré travail de patine. Ce temple n’est plus en service mais il est très touristique et très visité des Indiens. Il est le seul édifice toujours debout d’un ensemble de sept temples répartis le long de 10 km plage. Suite au tsunami de 2004, quelques vestiges en auraient été dégagés du sable…
Plus loin, nous avons découvert les Five Rathas, cinq « chars » chacun dédié à un dieu, sculptés directement dans d’énormes blocs de granits. Ces cinq mini-temples ont été taillés dans les pierres qui étaient sur place, en commençant par le haut. Les sculpteurs n’avaient pas le droit à l’erreur ! Ils n’ont d’ailleurs pas tous achevé leur travail… mais les Rathas sont beaucoup mieux conservés que le temple parce qu’ils ont longtemps été ensevelis dans le sable. Ce n’est que sous l’occupation britannique que les Anglais découvrirent les sculptures et les firent dégager. On imagine le choc des personnes découvrant ces châteaux de pierre sous la plage !
Depuis la route, en quittant Mahabalipuram pour attraper notre avion à Chennaï, nous avons aperçu les incroyables fresques d’Arjuna’s Penance sculptées sur de gigantesques rocs et représentant la descente du Gange sur terre. On comprend pourquoi la ville reste un des plus grands centres de la sculpture sur granit en Inde du sud…

Révisons un peu…

En fréquentant l’Inde et ses temples, nous en avons découvert peu à peu le lexique. Petit rappel :
dravidien :  de l’Inde du Sud (les dynasties Chola et Pallava étaient dravidiennes)
gopuram : édifice qui marque l’entrée dans l’enceinte d’un temple hindou
nandi : vache qui est la monture du dieu Shiva (celui de Ganesh est un rat !)
lingam : représentation de la part féminine et masculine du dieu Shiva
mandapa : salle à colonnes dans le temple hindou
puja : rituel sous forme de prières et d’offrandes pour faire descendre une divinité dans la statue la représentant.
Nous avons aussi appris à connaître le b.a.-ba de la mythologie hindoue. Parler de polythéisme en Inde, ce n’est pas du flan : plus de 33 millions de divinités y sont célébrées ! Ce que nous a révélé un Indien de Pondychéry qui avait vécu à Paris, et que nous vous livrons ici, c’est qu’il n’y a en fait que 3 dieux hindous : Brahma (le créateur), Vishnou (le protecteur) et Shiva (le destructeur-régénérateur). Tous les autres ne sont que des avatars et des réincarnations divines ou humaines de cette trinité ! Il suffit alors de connaître leurs montures, leurs attributs, le nombre de leurs bras et leur femme et vous avez les clés pour vous repérer. Facile non ?

Et maintenant, prononcez 10 fois de suite « Gongaikondacholapuram » !

Petit poème pour passer le temps

Petit poème pour passer le temps

Carl Norac est un auteur touche à tout, à l’écriture d’humeur changeante et sensible. Aujourd’hui, je partage avec vous le plaisir du jour, l’un de ses Petits poèmes pour passer le temps, comme un bonbon qui, à peine fondu, appelle à un prendre un autre… Un bonbon qui a le goût du mot sur le bout de la langue. Un bonbon qui a le goût du voyage !

À l’avenir

À l’avenir, laisse-moi tranquille,
dit le présent à la grammaire.
Je ne veux plus me conjuguer
ni au futur ni au passé.
Je vis à l’instant composé
et je me déguise en seconde.
Ça me va bien. Je cours le monde.
On est le temps. On a le temps
de le perdre et de le trouver.
Grammaire, fous-moi donc la paix
avec tes règles et tes grands airs.
Je suis. Je fuis. Je vis. J’y vais.

 Carl Noral, Petits poèmes pour passer le temps
Ill. Kitty Crowther, éd. Didier jeunesse, 2008

 

La vie dans un ashram

La vie dans un ashram

Qu’est-ce que c’est un ashram ? Un guru ? Qui est Amma ? Qui vit à Amritapuri ? Qu’y fait-on ?

Nous avions réservé quelques nuits à l’ashram d’Amma, mais dans le taxi qui nous y amenait, nous ne savions répondre précisément à aucune de ces questions et nous n’en menions pas large… qu’allions nous découvrir à Amritapuri, cette mini-ville dans la ville autour de la maison natale d’Amma ?

  1. Un ashram c’est un lieu où des aspirants spirituels vivent avec leur maître, leur guru.
  2. Un guru, c’est donc une sorte de maître, quelqu’un qui inspire, littéralement « celui qui enlève l’ignorance et l’obscurité ». Il n’a pas en Inde le sens négatif que nous lui donnons en français.
  3. Amma, qui veut dire « mère », est le nom que lui ont donné ses premiers disciples. Née dans une petite maison de paysans, autour de laquelle est aujourd’hui construit l’ashram, Amma a été très tôt confrontée à la pauvreté et elle a décidé de faire son possible pour aider à sa mesure ceux qu’elle rencontrait. Rapidement, alors même qu’elle est encore enfant, elle se consacre aux autres et on l’appelle Amma. Aujourd’hui, elle est à la tête d’une ONG (ETW) qui agit localement (par exemple, lors du tsunami) mais aussi internationalement (à Fukushima, à la Nouvelle-Orléans après le cyclone Katrina…) Elle a fondé plusieurs écoles primaires et une université en Inde. Elle est aussi connue en France, et partout ailleurs, pour les « câlins » qu’elle donne à chacun : c’est le darshan d’Amma. Normalement, le darshan (sorte de bénédiction qui veut dire « vision ») n’implique pas de toucher son guru, mais Amma échappe sur ce point à la tradition hindoue. Amma est reconnue comme une cheffe spirituelle de l’hindouisme, bien qu’elle se déclare sans religion, et c’est elle qui est invitée aux côtés du Pape, du Dalaï Lama et autres représentants religieux internationaux pour représenter l’hindouisme.
  4. Amritapuri est donc l’ashram d’Amma et le siège de son ONG. Y vivent plus de 3000 résidents permanents, Indiens ou Européens : moines hindous, novices, ou aspirants moines, retraités qui se retirent dans un ashram comme cela en est la tradition en Inde, étudiants et mêmes quelques familles… Et bien sûr, des visiteurs, pour quelques mois ou quelques jours, comme nous. C’est Vishak, un résident français, qui nous accueille et nous explique tout en nous faisant visiter l’ashram.
  5. L’ashram est donc une véritable petite ville avec ses restaurants, ses épiceries thématiques, son hôpital gratuit, sa bibliothèque, son service de tri des déchets… et bien sûr son temple ! On y trouve beaucoup d’activités, la plupart liées à la spiritualité. Et tout cela fonctionne en grande partie grâce aux « sevas », les services désintéressés (bénévoles), rendus par les résidents et les visiteurs. Ici on se salue avec le mantra « Om namah Shivaya » partout présent en Inde : la formule rituelle d’accueil et de salutation courante entre hindous, mais aussi le mot de passe du wifi à Varkala ou la chanson écoutée en boucle par l’un de nos chauffeurs…

Nous avons finalement passé 3 nuits à l’ashram d’Amma. Ernest n’a pas trouvé la chambre de cet « hôtel » aussi confortable que les précédentes, et pour cause, ce sont des chambres monastiques, très simples… À 5 dans 10 m2, sans climatisation ni eau chaude, avec un robinet dont l’eau coulait rouge, c’est sûr que le confort était spartiate ! Notre chambre était au dernier étage et nous avions pour seuls voisins des chauve-souris et des pigeons… mais une fois propre, nous nous sommes peu à peu attachés à notre chambre !

En tant que visiteurs, nous étions parfois dans nos petits souliers, car il nous a d’abord fallu comprendre le fonctionnement et les règles de l’ashram – qui étaient en fait pour beaucoup, celles des Hindous. Enlever ses chaussures avant de rentrer dans un lieu ; avoir une tenue décente ; respecter le silence lors des prières ; ne pas prendre de photos, etc. Mais les résidents étaient généralement accueillants et ouverts, à partir du moment où nous respections les règles de base. La plupart étaient habillés en blanc, mais nous n’étions pas les seuls à porter des habits flashy. Nous cherchions constamment notre chemin, mangions le plus souvent à la cantine européenne (moins épicée!) et posions beaucoup de questions mais nous avons finalement appris beaucoup sur les traditions indiennes et hindoues, et rencontré des gens aux parcours très différents et venant du monde entier (Italie, Espagne, France, Brésil, États-Unis, Australie, Israël)…

Pétronille occupée à la fermeture des sacs de déchets.

Petit clin d’œil à Pétronille, jeune Française arrivée le même jour que nous, qui passe une année en Inde après son BAC et qui avait déjà passé une année en Colombie après le Brevet !
Nous avons participé activement aux sevas en triant des bouteilles (dont une qui expulsa son liquide orange comme un boulet de canon quand Armand l’ouvrit), en cousant les sacs de tri (donnant des ampoules à Olivier) [cf le reportage de Solal en 2 vidéos ci-dessous], en chargeant des magazines dans un camion, en étalant des pâtes à pizza…
et nous avons profité de l’hôpital gratuit pour demander un avis sur l’otite d’Ernest (ah, la clim!), de la bibliothèque pour lire des BD en français, de la boutique d’occasion pour acheter une chemise en lin…
Nous n’avons pas eu le courage de nous lever à 5h pour la première prière, mais cela n’a froissé personne ! Et nous sommes restés bien à l’abri pendant que le cyclone Ockhi passait au-dessus de nos têtes.

Et Amma, nous direz-vous ? Eh bien nous ne l’avons pas vu car elle était à ce moment là en France où elle vient chaque année.

En trois jours, nous avons pu satisfaire notre curiosité et en savoir plus sur l’action d’Amma et de son association Embracing the World. En bon Français, nous sommes plutôt allergiques à la dimension mystique qui se dégage des rituels et à certains rapports au maître qui nous  évoquent un fort culte de la personnalité… Mais cette dimension semble culturellement très différente en Inde, comme nous avons pu le voir dans les mémoriaux à Ghandi (à Maduraï) et à Abdul Kalam (à Rameswaram).
En tout cas, les gens que nous avons rencontrés ici nous ont tous parus joyeux et tolérants. Ils étaient très actifs et engagés, conscients des questions écologiques et sociales, avec une forte spiritualité mais sans prosélytisme exagéré. La plupart nous ont simplement souhaité de rencontrer Amma pour nous faire notre propre opinion.

 

 

 

7 ans Deluxe – par Ernest

7 ans Deluxe – par Ernest

Le 24 novembre 2017, pour fêter les 7 ans d’Ernest, nous avons voulu faire les choses en grand!
Le décor : une maison typiquement kéralaise, des cocotiers, une piscine, des chambres « Deluxe » avec air climatisé, eau chaude et vue sur les backwaters. Ernest vous raconte…

Au Cocobay resort

On doit prendre un bateau pour y accéder, ça dure 3 minutes, et il y a une petite porte… mais après on voit que c’est géant ! Quand on arrive c’est impressionnant parce que c’est au milieu d’un lac. Nous, on est resté seulement 2 jours, et on avait l’impression qu’on était resté une semaine… Dans l’hôtel, il y a une piscine, qui est très verte et très grande. Elle n’est pas très profonde mais moi, j’avais quand même pas pied. À côté, il y a un petit bassin, et même un ballon si on veut y jouer dans l’eau. Et cette piscine, elle était fameuse ; du coup on s’est baigné au moins 4 heures tous les jours !
Dans l’hôtel, il y a aussi une salle de jeux avec un babyfoot, une table de ping pong et un carrom (le billard indien). Aussi, il y a un restaurant (au début, je ne savais pas qu’il y avait des restaurants dans les hôtels) et à côté une balançoire.

La nuit d’anniversaire

Au début, on a mangé un repas très bon du restaurant indien de l’hôtel.

Après on a tant attendu le gâteau ! Il y en avait un de 1 kilo et un de 2 kilos… on a hésité et après on a choisi celui de 500 g. Et ça nourrissait son homme ! Moi j’ai juste mangé un coin, j’avais plus faim ! Il était très beau, et c’était écrit « Happy birthday Ernest ». Mais… on aurait pu croire que j’avais 1 an…

Une fin heureuse

… parce qu’il y avait une seule bougie ! Mais, au contraire, j’avais bien 7 ans.

Revenons aux choses anciennes.
On a rencontré des Français, Patrick et Sylvaine, et on a fait une ballade avec eux dans un bateau sur les backwaters. On a vu des chauves-souris géantes et beaucoup de rapaces.

Revenons à mon anniversaire.
Par grosse générosité, on a donné un peu de mon gâteau à nos amis français. Ils ont dit : « C’est drôle, c’est ton anniversaire et c’est nous qui recevons un cadeau ! » Ils avaient l’air de pleurer de joie.

 

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