Athènes populaire
En 10 jours à Athènes, nous avons pu toucher d’un peu plus près le quotidien des Athéniens, vivre au tempo de la ville et de ses habitants d’aujourd’hui. Tôt le matin, le petit café partagé entre voisins ou avec les passants sur une chaise ou un banc aménagé sur le trottoir. L’agitation constante aux Halles de Monastiraki, dans les magasins de gros alentour, les marchés aux fruits et légumes et aux épices qui brassent marchandises et populations mélangées. La pause méridienne, entre 14 et 17 heures au moins, pendant laquelle la ville semble s’assoupir, sauf bien sûr dans les avenues toutes très circulées où le défilé des voitures est constant et dans les lieux touristiques qui fonctionnent non-stop. Puis en début de soirée, les magasins et les tavernes ouvrent à nouveau leurs rideaux jusqu’à tard. Repas vers 22 heures, après que les touristes soient partis se coucher, afin de profiter de la douceur de la nuit et de ses délices.
À Athènes, nous avons beaucoup marché… même si la ville reste surtout aménagée pour les voitures. Peu de vélos, et des stations de métro assez éloignées les unes des autres. La marche, un excellent moyen pour s’approprier une ville, avoir ses repères et ses petites habitudes. À Exarchia, le quartier où nous habitions, populaire et réputé pour être le quartier général des anarchistes, nous nous sommes sentis assez rapidement chez nous. Le boulevard Ippocratous et la rue Benaki, leurs trottoirs couverts en galeries, leurs boutiques spécialisées (librairies, disquaires, bazars…) dont plusieurs ont définitivement fermé, leurs cars de militaires aux aguets, leurs tags et banderoles, leurs immeubles datant de plus d’un siècle systématiquement laissés à l’abandon, leurs habitants toujours près à vous aider et à discuter (surtout quand vous avez des enfants), leurs affiches, leurs bars et leurs petits théâtres, leurs ateliers d’artisanat comme venus d’une autre époque… bref un quartier sans charme architectural mais vivant dans lequel nous aimions nous perdre au gré de nos promenades. Un quartier qui nous a fait penser au Berlin des années 2000, jeune, accueillant, populaire et mélangé. Bref, une ville qui ne se laisse pas réduire aux mots pollution, tourisme et crise.
Au cœur de ce quartier, de cette ville et de cette vie, bat le rythme du Rébétiko. Cette musique, souvent définie comme un blues européen, est née au début du XXe siècle, dans les quartiers populaires d’Athènes, où se retrouvaient les Rebets. Après un accord avec la Turquie, ces Grecs du littoral turc avaient été sommés de regagner le continent, arrachés à leur terre. Souvent pauvres, buveurs, consommateurs et dealers de haschich, ils avaient souvent maille à partir avec la police et se retrouvaient dans des tavernes pour pleurer ensemble leur destin en jouant du bouzouki et en dansant le Rébétiko. Interdit pendant la dictature de Metaxas, il reste encore vivant aujourd’hui et on peut l’entendre dans les tavernes enfumées d’Exarchia. Nous l’avons croisé chez Cécile et Bastien, qui nous accueillaient à Athènes, puis au détour d’une rue de Plaka et dans l’excellente bande dessinée Rébétiko de David Prudhomme. Quant au Sirtaki, on ne l’entend en Grèce que dans les tavernes à touristes, car il n’a rien de traditionnel (il a été inventé en 1964 pour le film Zorba le Grec produit par Hollywood) !
Athènes, ville antique
D’aucuns diront que 2 ou 3 jours à Athènes suffisent pour en saisir l’essentiel : le Parthénon, l’Agora, une balade dans le quartier de Plaka, le musée Archéologique et celui de l’Acropole…
C’est vrai, la Grèce antique surgit de tous les pores de la ville et arpenter ce petit carré autour de l’Acropole permet d’en rencontrer les plus impressionnantes découvertes. Il suffit, ici, de creuser les fondations d’un immeuble, d’une bouche de métro ou d’un nouveau musée pour y trouver des traces de la vie des Grecs anciens, et particulièrement de cette vie florissante du Ve siècle avant J.C. où naissaient simultanément les bases de la démocratie, des mathématiques, du théâtre, de la philosophie, de l’histoire…
Pendant près d’un mois en Grèce, c’est certainement lors de notre séjour à Athènes que nous avons été le plus impressionnés par ces résurgences de l’Antiquité, intimement liées à la vie moderne qui se poursuit alentour, et pourtant si décalées, si différentes, si mystérieuses. Comme une ville sous la ville, endormie, mais prête à ressurgir sur le dos ailé d’un sphinx et résonnant encore par-dessus les klaxons et le bruit sourd de la circulation. Un rêve dont on n’arrive pas à comprendre tous les symboles mais qui a pourtant existé et qui s’est imprimé dans les murs et la terre où l’on vit et se promène, presque insouciants.
Si l’on rencontre des Grecs dans ces sites, c’est le plus souvent derrière les guichets, en gardiens de musée, en statues muettes aux bras coupés ou en serveurs de terrasse. Le temps y est celui du touriste, cadencé, où chaque pause est emplie de futurs souvenirs. Une plongée en apnée dans le monde Antique, offert en XXL, à ciel ouvert ou entre les murs des musées.
Delphes, le nombril du monde
Bref, on a visité Delphes…
Nous partons un samedi matin, Alexandros nous prête sa voiture (merci !) On traverse Athènes puis des paysages lunaires, montagneux. Au bord des routes, une écume venue des champs de coton. Premier stop : le musée archéologique de Delphes. On retrouve la famille Papadakis, notre amie Anne-Lucie, son mari Alexandros et leurs deux filles Artémis et Athéna, pour un pique-nique commun. On est le 28 octobre, fête nationale en Grèce. L’entrée du site est donc exceptionnellement gratuite. Chance ! Le musée est petit mais contient des merveilles. L’Aurige de bronze (un aurige est un conducteur de char de course) miraculeusement conservé. Un immense taureau en feuille d’argent et l’Omphalos ou nombril du monde (un genre de cône entouré de rubans sculptés).
Delphes était un lieu de culte dédié à Apollon mais aussi un centre politique, économique et religieux majeur entre le VIe et le IVe siècle avant Jésus-Christ. C’est ici qu’officiait la Pythie, cette prophétesse (c’est-à-dire, selon l’étymologie grecque, « celle qui parle à la place du dieu ») célèbre dans toute la Grèce et au-delà.
Apollon aurait fondé le site lui-même, après avoir construit le temple de Délos.
Un peu de mythologie, ça ne peut pas faire de mal !
Pourquoi le « nombril du monde » ?
— Zeus aurait fait partir deux aigles, chacun d’un côté du disque terrestre et les rapaces se seraient retrouvés à Delphes. C’est aussi simple que ça !
D’où vient le nom « Delphes » ?
— De δελφίνι (delphini : le dauphin) car Apollon aurait pris la forme de cet animal pour attirer un groupe de marins crétois, devenus ses premiers disciples.
Pourquoi la prophétesse s’appelle-t-elle la Pythie ?
— Parce qu’Apollon a dû combattre un python qui occupait le site et fut donc appelé Apollon pythien.
De la montagne à la mer
Nous sortons du musée sous la pluie et dans le brouillard. Nous reprenons les voitures pour rouler vers la mer et atteignons Galaxidis où nous passerons la nuit dans une pension à l’accueil très sympa. Nous visitons ce petit port sous la pluie avant de dîner dans une taverne de poisson. Le lendemain, petit déjeuner royal sur balcon donnant sur la mer. Artémis et Ernest récoltent quelques coquillages sur la plage. On remonte à Delphes en traversant la célèbre mer d’oliviers, cette immense forêt d’oliviers qui ondule jusqu’au rivage, et que la pluie nous avait totalement occultée la veille ! Le soleil est revenu et ses rayons magnifient le site que nous parcourons jusqu’au sommet, où se trouve le stade. Les enfants se faufilent entre les colonnes et les cyprès majestueux, courant librement dans ce site où l’on entend les cigales et le souffle lointain de prophéties anciennes. Nous profitons de cette balade entre les vieilles pierres pour discuter avec Anne-Lucie et Alex, amis que nous voyons (trop) rarement. Il est question de mythologie, d’éducation, d’histoire, d’expatriation et d’enfance… nous sommes bientôt sommés de rire moins fort par une guide allemande qui nous trouve un peu trop bruyants (espérons que nous n’avons pas dérangé quelque divinité, mais jusque-là, nous nous sentions chez nous, à peine dérangés par quelques autres touristes français et asiatiques matinaux) ! Après un chouette repas sur les marches d’une taverne en escalier dans la ville moderne de Delphes, nous reprenons le chemin d’Athènes.
Delphes l’envoûtante
Delphes est un lieu plein de grandeur et de mystère. Il est à la montagne ce que Délos est à la mer : un centre foisonnant de récits mythologiques, un épicentre politique et religieux de l’antiquité, un site grandiose et émouvant encore aujourd’hui. Une pensée à tous ceux, encore sous le charme, qui nous avait conseillé d’y faire une visite !
Ernest en Grèce
Les plages de Paros
Nous sommes restés trois jours sur l’île de Paros.
Le premier jour, nous nous installons et nous allons sur la plage de Krios à Parikia, tout près de chez nous (5 minutes à pied !) L’eau est si limpide qu’Olivier achète un masque et un tuba. On essaie alors ces accessoires et ils nous plaisent beaucoup ! Nous pouvons observer des oursins, des poissons colorés, des coquillages, des algues…
Le lendemain, nous décidons de faire un tour de l’île en voiture pour explorer les différentes plages conseillées par Marcos, le chef sympa du restaurant ou nous avions mangé la veille. Nous partons donc vers les plages paradisiaques de Cap Agios Phokas (où Olivier pêche un oursin), puis Kolymbithrès (aux paysages lunaires) et enfin Santa Maria : nous nous baignons dans trois endroits très différents aux 4 coins de l’île (ou plutôt aux 3 coins…)
C’était vraiment cool d’avoir des plages chaudes avec une eau transparente et très peu de monde (hors saison). Avec nos masques et tubas, nous avons exploré des paysages sous-marins magnifiques. Le soir, sur la route du retour, nous découvrons un petit village peu touristique, Lefkès, au milieu de l’île et nous profitons d’un délicieux Gyros.
Une très bonne journée fatigante !
Pour finir, nous nous baladons aussi dans la ville principale et typique de Parikia, son château construit avec des restes de ruines antiques, son musée archéologique (bien sûr!), et ses ruelles charmantes où nous rencontrons des Bretons sympathiques lors d’un copieux petit déjeuner.
PS: Si vous ne voyez Olivier sur aucune photo, c’est que c’est lui qui en a pris le plus…
Athènes dans toute sa splendeur !
Bonjour les amis,
Dans Athènes, il faut savoir qu’il y a des parcs, des musées, beaucoup de musées ! Mais il y a aussi des… TAGS ! Énormément de tags. Tellement de tags que c’est devenu un véritable art des rues.
Nous allons vous en présenter quelques exemples qui ont été pris dans les quartiers Exarchia et Plaka :
Santorin, les touristes et nous
La caldeira de Santorin est un lieu unique au monde… ce qui explique sans doute que des visiteurs du monde entier se pressent toute l’année dans le blanc dédale des ruelles d’Oia ou sur des caïques qui traversent le cratère inondé et font halte sur les résurgences du volcan.
Pas de saison morte à Santorin. Des bus qui parcourent l’île à toute allure, des grappes de touristes qui suivent leur guide et son petit drapeau dressé, des appareils photos ou plus souvent des smartphones tendus sur des perches attendant des heures à l’avance la descente du soleil sur l’horizon, des prix qui s’envolent et des boutiques de luxe, des mariés qui font la queue leu-leu en robe-meringuée et pantalon à pince pour une photo de noce inoubliable, d’énormes paquebots de croisière qui se déchargent en petites navettes régulières sur les 3 ports de l’île, des panneaux indiquant clairement les points de vue imprenables sur le « Sunset », des souvenirs pour tous les goûts, du vin sucré produit sur l’île, des rues piétonnes où l’on doit céder le passage à des groupes entiers qui viennent se selfiser dans des positions parfois douteuses devant ce cadre incroyable dès potron-minet et jusqu’au bout de la nuit…
Et nous, nous nous sommes mêlés à la foule.
Après la douceur de vivre de Naxos, le ton est immédiatement donné à la descente du Ferry où nous attendons comme les autres que le flot des touristes débarque puis rembarque dans des bus qui les mènent par l’unique route en lacet, embouteillée à chaque arrivée de bateau, jusqu’à leur hôtel. Le notre est plutôt bas de gamme et loin des lieux qui nous intéressent, mais tout est relatif sur une île qui se traverse de part en part en 1 heure ! Alors nous jouons le jeu des touristes que nous sommes, et cela vaut le coup, avouons le !
Levés à 7 heures pour prendre une navette puis un bus jusqu’au port principal de Santorin. Accueillis par notre guide grecque qui parle anglais, allemand et espagnol, nous attendons qu’une centaine de personnes embarque avec nous sur la caïque, voiles roulées et moteur en marche, pour notre première escale sur le volcan. Point de vue imprenable sur les roches rouges, ocres et blanches qui tombent en falaise dans la mer, surmontées de petites maisons blanches comme des franges de neige dans ce décor tout en contrastes. Sur le volcan, nous marchons sous le soleil brûlant dans les sentiers de lave noire aménagés par les géologues et la municipalité pour humer les fumerolles de gaz et apprendre l’histoire mythique, historique et géologique de cette île. Imaginer qu’il s’agissait, il y a plus de 1500 ans, d’une seule et même île ronde et verte où vivait une communauté minoéenne florissante demande un petit effort d’imagination. La désolation qui suivi l’éruption gigantesque du volcan insoupçonné sous l’île, la vague immense qui monta à plus de 200 mètres au-dessus du sol, l’effondrement du cratère qui donna à l’île sa forme actuelle (ou presque, le cratère étant réapparu à la suite de nouvelles éruptions plus tardives, jusqu’à la dernière en 1950), la nuit et l’hiver qui s’abattirent sur la région (jusqu’en Crète!) pendant près de 2 ans et qui causèrent l’extinction de la civilisation qui habitait Santorin et ses environs… vaut bien de croire qu’elle fut à l’origine du mythe de l’Atlantide. Aujourd’hui, le volcan est toujours actif et très surveillé. Des séismes secouent quotidiennement l’île, mais sans que l’on s’en rende compte. Le dernier tremblement de terre meurtrier eut lieu en 1956, une conséquence sans doute de l’éruption de 1950. Les habitations ayant le mieux survécu étant les maison troglodytes, naturellement anti-sismiques.
Vers midi, nous reprenons la caïque pour faire une halte près d’une zone d’eau de mer chaude, ferreuse, jaunie et réchauffée par les émanations du volcan en activité. Toute la famille saute à l’eau pour s’y baigner et profiter des bienfaits de cette eau pour les articulations… Étrange baignoire pour les dieux, où les bateaux ne peuvent accoster, et malgré tout colonisée par les touristes parlant un anglais du monde entier. Près de la source chaude, une poule cherche de quoi manger et des chèvres escaladent les parois noires du volcan.
Le pique-nique se fait sur la petite île de Thirassia, séparée de Santorin lors de la formation de la caldeira. Nous montons à pied, sous le soleil qui finit de nous dorer la peau, les 150 marches pour arriver en haut de la falaise, dans un village abandonné sauf des chats et de quelques restaurants panoramiques. La vue est en effet majestueuse ! Nous regagnons la caïque presque en courant pour le clou de la ballade. Ernest jette quelques galets dans l’eau incroyablement cristalline en attendant le départ. Après une dernière traversée de la caldeira, nous débarquons dans le petit port de Oia (prononcer « Ia »). Ernest et Solal choisissent de monter en âne, moyen de locomotion apprécié lorsque plus de 500 marches sont à gravir pour venir à bout de la falaise ! Ils nous attendent en pleine forme quand nous les rejoignons le souffle court, les joues brûlantes, le front mouillé… mais quelle récompense que le spectacle offert par le site ! Ici tout semble beau, la vue, les maisons, le soleil sur la mer d’huile. En faisant abstraction du fait que nous ne sommes pas seuls, nous apprécions l’une des petites villes les plus typiquement grecques, avec ses murs blanchis à la chaux, ses églises orthodoxes aux dômes bleus, ses escaliers et ruelles tortueux. Rencontre surprenante avec une petite librairie polyglotte. Glace et maïs grillé. Et bien sûr : coucher de soleil !! Nous rentrons la nuit venue, fermant les yeux dans le car pour ne pas avoir peur de la conduite à la grecque, et bien contents de pouvoir mettre au calme toutes les expériences et images emmagasinées dans la journée…
Le lendemain, nous passons une dernière journée, où nous pouvons constater que le tourisme, même de masse, peut s’exercer de différentes façons… Nous commençons par la visite du site d’Akrotiri, où des archéologues travaillent sous nos yeux à exhumer les ruines d’une cité engloutie par l’éruption volcanique, sorte de Pompéi grecque. Comme le constate le Guide du routard, guide moins onéreux pour les touristes que nous sommes, il manque quelques explications pour que nous puissions imaginer vraiment comment fonctionnait cette cité… Nous allons donc nous rafraîchir à la plage voisine, la Red Beach, nommée ainsi à cause de la couleur des falaises qui la dominent. Rencontre avec Marleen, venue de Londres et que nous aidons à franchir le chemin accidenté pour accéder à la plage. Échappée de son groupe, elle a décidé de venir seule jusque là, lassée de la piscine de son hôtel, de l’attentisme de ses congénères et du manque d’aventures… Nous découvrons ensemble la mini-plage de sable noir qui donne immédiatement sur une langue de gros galets difficiles à pénétrer, nous profitons ensemble de la mer chaude et de son décor unique de pierres rouges. Puis nous quittons Marleen pour visiter Thira (prononcer Fira), capitale de l’île dominant la caldeira, et son musée archéologique dans lequel nous découvrons les pièces magnifiques extraites du site d’Akrotiri, visité le matin. Souvenir inoubliable de ce petit musée où nous sommes absolument seuls et où se livrent à nous des splendeurs de plusieurs siècles, fresques murales, vases et vaisselle… Une gardienne de musée éclate de rire et tient à nous faire partager une blague qu’elle vient de lire sur Facebook tandis que l’autre se racle la gorge en faisant les cents pas, le regard féroce et la bouche tordue… À Thira aussi, rencontre d’une sympathique famille Suisse qui explore les îles grecques sac au dos, appréciant les points de vue, les marches escarpées et les ballades. Surprise de se rendre compte que ni eux ni Marleen ne savaient que Santorin était une île volcanique qui valait son caractère si unique aux poussées de magma et aux tremblements de terre !
À chacun son tourisme…
Armand trouve son bonheur à l’institut français d’Athènes
Une archéologue enthousiaste de 80 ans.
Musée archéologique de Paros. Nous déambulons entre les poteries, les stèles funéraires les statue d’éphèbes et de déesses… quand soudain, des cris, comme ceux des enfants quand ils sortent en récréation. Deux dames se parlent si fort en grec qu’on se demande ce qui se passe. On s’approche et on assiste à une scène étonnante. La plus jeune des deux est en train d’essayer de faire monter debout sur une chaise sa collègue plus âgée, devant une vitrine contenant un vase. Je m’approche, elles demandent immédiatement mon aide pour stabiliser la grand-mère. Tout en continuant à piailler… Il se passe quelque chose. Mais nous ne comprenons rien !
On pose des questions en anglais… et la mamie debout sur sa chaise prononce difficilement quelques mots. Jusqu’à ce qu’elle s’exclame : « Mais vous êtes français ! »
Alors, tout s’éclaire.
Elle nous explique alors qu’elle est l’archéologue du musée, qu’elle déteste parler anglais, mais adore le français. Et qu’elle vient de découvrir sur une anse du vase une tête de serpent qu’elle n’avait jamais vue. Nous voici invités à monter sur la chaise à la queue leu leu pour admirer la découverte !
Ce qu’elle prenait depuis des années pour un motif en zigzag était en fait un serpent, ce qui est de la plus haute importance vu la symbolique du serpent dans la religion grecque ancienne. Ce vase est en fait une urne funéraire. Nous bavardons, la mamie nous dit qu’elle s’appelle Photine (Claire). Et annonce fièrement qu’elle a fait ses études d’archéologie à l’université il y a soixante ans, alors que je n’étais pas né… Les enfants ne manquent pas de remarquer la racine du mot Phot- siginifiant « Lumière » commune avec Photo et Photon.
Photine nous raconte qu’elle a fait le tour du monde pour présenter ce vase, provocant l’enthousiasme dans la communauté des archéologues des années 70. Un jour lors d’un colloque en Hollande, un archéologue anglais a été si ému par ce vase qu’il lui a demandé l’autorisation de toucher… la photo du vase qu’elle avait avec elle. Photine nous parle un moment des rites funéraires en Grèce antique, avec une énergie et une passion communicative. Nous reprenons notre chemin, enchanté de cette rencontre.