Catégorie : Mythologie

On était à l’Ouest -1-

On était à l’Ouest -1-

Après le grand Canyon, nous avons continué notre expédition à travers les grand espaces de l’Ouest. Entre le 17 mars et le 10 avril, nous avons exploré une douzaine de parcs nationaux et de sites remarquables. Nous avons ainsi parcouru l’Arizona, l’Utah, le Colorado et le Nevada avant de regagner la Californie. Avec nos deux tentes et notre voiture, nous avons pu goûter aux joies du road-trip à l’américaine. Nous n’avons cessé d’être étonnés devant la beauté et la diversité des paysages traversés. Voici un petit aperçu subjectif à travers quelques photos.

Horse shoe

Un « fer à cheval » constitué par une boucle de la rivière Colorado, tout près de Page, dans le territoire Navajo. Bluffant !

Lower Antelope Canyon

Un canyon où l’eau a joué avec la roche, créant des tourbillons d’arabesques. Un site magnifique où les légendes Navajo ont encore le dessus sur les explications rationnelles et géologiques. Notre guide Navajo, joueur de flûte, nous a appris à prononcer des mots dans sa langue, à voir des animaux dans la roche et à faire de belles photos avec nos smartphones… Toute ressemblance avec des glaces à l’italienne est purement fortuite !

Monument Valley et Valley of Gods

Lieu emblématique de l’imaginaire des westerns, grâce aux nombreux films tournés ici-même par John Ford. Au détour d’un mesa, on ne serait pas surpris de croiser le cheval de John Wayne. On en revient pas que ça existe en vrai !

Mesa Verde National Park

Un lieu où des Amérindiens, appelés Ancient Pueblos, ont créé des villes dans des grottes accessibles uniquement depuis les falaises. Impressionnant et émouvant de retrouver les décors du manga préféré de nos enfants, « Shaman king », et de sentir comment vivaient ici ces Indiens dont on ne sait pratiquement plus rien aujourd’hui…

Arches National Park

Les incroyables formes issues de l’érosion des roches par l’eau et le gel ont ici produit de nombreuses arches de pierre. Nous sommes arrivés le jour du grand rassemblement des amateurs de Jeep (je déconseille) et nous sommes perdus à la nuit tombante dans les hauteurs du parc, à la recherche d’une arche perdue…

Capitol Reef National Park

Ce parc n’était pas dans notre programme, mais des Français croisés à Page nous ont convaincu d’y faire un tour. En prime, nous avons pu profiter sur le chemin des délicieux tacos de Green River. On s’en souviendra ! Eh bien nous n’avons pas été déçus… Encore une autre ambiance et de belles balades au fond d’un canyon puis jusqu’à une Arche… où nous avons trouvés un mystérieux galet nomade et multicolore.

Hollywood : le studio universel !

Hollywood : le studio universel !

Solal : Vendredi 17 mars, nous nous levons tôt pour partir à Universal Studio, un parc d’attraction à Hollywood sur le thème du cinéma. Nous allons d’abord à l’attraction Harry Potter en 3D où on se balade dans Poudlard à toute vitesse sur un balai magique.

Ernest : On a vu plein de monstres, un dragon, des araignées géantes et des fantômes. Il y avait des turbulences.

Armand : Les sièges bougeaient, c’était de la réalité virtuelle.

Ernest  : On est allés dans un train et on a fait des figures. Solal a perdu sa casquette à cause de la vitesse.

Solal : Le Studio Tour est une visite des lieux de tournage. On peut voir des plateaux (stage) où ont été tournés des films connus, avec les décors et les immeubles en carton, la fausse pluie, le faux requin des Dents de la Mer qui se jette sur toi, King Kong qui te protège des dinosaures de Jurassic Park et les acteurs de Fast and Furious qui nous entraînent dans une course folle. Un tremblement de terre dans une station de métro de San Francisco, une scène de crash d’avion…
Ernest : Une fausse inondation et une scène de requin qui fait tout brûler.

Solal : Ensuite, on a enchaîné les attractions : Transformers, Jurassic Park, la Revanche de la Momie, les Minions, les Simpsons, The Walking Deads, et les spectacles (shows) : Waterworld et les Animaux Acteurs.

Ernest : La fin de Jurassic Park est très forte car les dinosaures attaquent et on fait une chute de plus en plus rapide dans une rivière.

Solal : À la fin de plusieurs attractions, dans les chutes finales, on se fait prendre en photo et ensuite on peut regarder nos têtes terrifiées. Pour les Minions, il y avait beaucoup d’attente, mais il y avait des films et des quiz pour nous faire patienter, donc ça allait. Et j’ai adoré l’histoire, car on doit faire en entrainement pour devenir le Minion parfait.
Waterworld est un spectacle sur l’eau avec de vrais acteurs et des effets spéciaux qui se passent devant toi : des combats, des explosions, des chutes, des morts, etc. même un avion qui se pose sur l’eau devant toi…
Ernest : Au début du spectacle, il a les acteurs qui nous lancent de l’eau et il veulent qu’on crie plus fort. Le grand méchant a un œil crevé par une personne ni homme ni poisson (sic).

Solal : J’ai adoré cette journée. Même si c’était cher, ça valait vraiment le coup. Il y avait des moments très amusants et d’autres très émouvants (beaucoup de peur).

Armand : … et d’adrénaline…

Ernest : Les Simpsons, c’était très bien fait. À un moment, la fille devient géante, elle nous prend pour sa sucette et on reçoit plein d’eau.
Dans le parc, je me suis senti comme dans une ville normale mais c’était des décors : c’était splendide !

On a été sur la Route 66

On a été sur la Route 66

Olivier : Entre Los Angeles et le Grand Canyon, nous avons longé la route 66. Celle-là même qui a été chantés par Bob Dylan et les Rolling Stones. On l’a même empruntée sur un bout de trajet. Cette route mythique est la première qui a relié Chicago à Santa Monica près de Los Angeles, sur la côte Ouest.

Ernest : Je voulais aller sur la route 66 parce que je voulais voir à quoi ça ressemble.

O : On a d’abord traversé le petit village d’Oatman.

Cécile : Incroyable petite ville fantôme. Un ancien village de mineurs, sur la route 66, longtemps à l’abandon et qui a récemment repris quelques couleurs, très rétro, grâce au revival de la Mother Road. À la tombée de la nuit, on n’y a croisé que quelques burros (ânes) sauvages, une vache et des façades en bois dignes d’un western des années 50, le tout dans un paysage escarpé et semi-désertique à couper le souffle.

O : un peu plus loin, nous nous arrêtons pour dormir au Deluxe Inn de Seligman, une autre ville étape de la route 66. Là, de nombreuses surprises nous attendent…

E : On a vu de magnifiques voitures anciennes, une ancienne voiture de course, ça m’a rappelé le film Cars.

O : Ce film de Pixar se passe dans une ville déserte sur la route 66, délaissée depuis la construction de l’autoroute. Il semblerait que la réalité de Seligman a décidé de faire un clin d’œil (sic) à la fiction car les voitures que l’on y croise ont des yeux et l’on reconnait les personnages du film comme le shérif ou Martin le joyeux dépanneur, ami de Flash Mc Queen.

E : Les voitures anciennes sont très belles et elles ont des marques très anciennes, que l’on ne connaissait pas comme Buick, Packard ou Edsel. Les motifs de marques sont très beaux.

C : Avant même qu’elle ne soit achevée, la route 66 a été la route de ceux qui rêvaient d’une autre vie, familles ruinées fuyant la crise de 1929 ou familles établies profitant des premiers congés payés pour découvrir les paysages si variés de leur vaste pays… Les villes qui s’établissaient le long de la route offraient donc le gite et le couvert, d’où le nombre impressionnants de motels aux enseignes toutes plus aguichantes les unes que les autres…

Armand : Avec cette longue histoire, la route 66 est devenue légendaire. Parce qu’elle était menacée d’être détruite après la construction de la Highway 40, une loi l’a protégée et elle a obtenu le titre de historic route. Elle est maintenant devenue une vraie attraction touristique. On a vu des cars de touristes asiatiques arriver dans la petite bourgade de Seligman pour faire des selfies devant les vieilles voitures.

O : Mais derrière ces façades rutilantes et ces belles antiquités chromées, le paysage est bien désolé et la fière route 66 appartient pour toujours au passé.

Solal : Il y avait vraiment une ambiance de cow-boys, avec des calèches, des saloons et des ranchs. Des fers à cheval utilisés de partout comme décoration. On se croyait vraiment dans le Far West, avec des déserts à perte de vue. Ça fait bizarre de retrouver en vrai des personnages que l’on a vu en dessin-animé.

Les mille et un véhicules indiens

Les mille et un véhicules indiens

En Inde, tout nous dépayse, même les véhicules. Ils participent à l’animation des rues autant que les commerces et les gens. Colorés, décorés, ils sont une des manifestations du goût indien pour les couleurs et les typographies graphiques mais aussi une illustration du sens pratique des indiens, qui ne manquent pas d’imagination pour transformer les véhicules afin de les adapter à toutes sortes d’usages.

Vélos à tout faire

Le vélo est très présent et sert à transporter aussi bien des personnes que des marchandises ou du matériel. On en trouve de différentes sortes : vélo-taxi tricycle ou rickshaw, vélo camion avec remorque, vélo magasin avec tout un stock d’objets à vendre… plus rien de nous étonne…

Tuk-tuk

Le tuk-tuk – prononcer touc-touc : c’est le bruit pétaradant du moteur – nom familier du rickshaw à essence, est à la fois une version modernisée du vélo pousse-pousse, un taxi du pauvre et un symbole des rues indiennes. Ce véhicule avec un avant de scooter, un pare-brise et une carrosserie sans porte, a fasciné les enfants, surtout Ernest, qui voudrait qu’on en achète un en France !

Voitures

Les voitures en Inde sont de marque Tata (on trouve absolument tous les produits sous cette marque : de l’électroménager aux camions en passant par les climatiseurs). L’Inde a été le théâtre de l’affrontement entre Tata et Dacia-Renault pour créer la voiture la moins chère. Tata avec la Nano et Renault avec la Logan, puis, encore moins chère, la Renault Kwid, conçue et fabriquée en Inde à Chennai. Mahindra est la marque indienne qui s’est associée à Renault. On trouve aussi beaucoup de Toyota et quelques Chevrolet. Nous avons souvent voyagé en Toyota Innova (monospace fabriqué en Inde), bien adaptée pour notre famille, ou en Chevrolet Avira ou en Renault Lodgy. Bien sûr, on a aussi croisé des « Ambassador », voiture mythique, symbole de l’industrie automobile indienne et récemment rachetée par Peugeot :

« L’Ambassador est, tu le sais Ganapahi, le symbole classique du développement industriel de l’Inde après l’indépendance. Démodée même neuve, inefficace et malcommode, gaspillant l’acier et l’essence, trop chère et trop lourde, avec un système de direction du genre char à bœufs et le châssis d’un tank, protégée et utilisée par nos nationalistes au nom de l’autonomie économique, l’Ambassador a dominé les routes de l’Inde depuis l’arrivé de Dhritarashtra au pouvoir. »
Shashi Tharoor, le grand roman indien, p.439.

Malgré tous ces défauts, nous avons été bien heureux de trouver en arrivant vers minuit à Tanjore, une Ambassador avec son chauffeur (un des rare encore réveillé à cette heure). Nous nous sommes entassés tous les 5 avec nos gros sacs dans cette antiquité bringuebalante mais si stylée… et le chauffeur nous a conduit jusqu’à notre pension avec beaucoup d’efforts pour trouver l’adresse. Encore un indien adorable !

Camions et bus

Les camions et les bus se partagent essentiellement entre deux marques indiennes : Tata et Ashok Leiland, dont nous avons vu le siège à Chennai. Ces véhicules dont la silhouette massive est perchée sur de hautes roues, sont tous très bien décorés et toujours colorés.

Deux roues

Les deux roues sont omniprésents dans les rues et sur les routes, motos, mobylettes, scooters. On voit souvent des familles de 4 à 5 personnes sur un scooter ou une moto. Très peu de casques ! Là encore, une marque mythique indienne domine les autres : Royal Enfield. Ces motos anglaises équipaient historiquement la police indienne et leur fabrication a été relancée en Inde dans les années 1970. La marque de grosse cylindrée a même dépassé Harley Davidson en nombre de véhicules vendus en 2014. Et l’Inde est devenue cette année le premier producteur de deux-roues au monde devant la Chine.

Tut tut

Comment parler des véhicules sans évoquer la circulation en Inde ? On nous avait prévenu, mais on l’a vérifié : le principal outil du conducteur est le klaxon ! Solal a même développé une théorie à ce sujet. D’après lui, le coup de klaxon peut avoir deux significations. La première : « Attention j’arrive » et la seconde : « Pousse-toi ou meurs » ! C’est vrai que les Indiens ont une manière particulière de se partager l’espace urbain et la route, de se doubler, de s’éviter et de garder leur calme dans le chaos. Comme nous l’a dit Anna, une Française rencontrée dans notre pension de Pondichéry  : « La distance de sécurité ? C’est tant que ça n’a pas touché. » Au début, les trajets en voiture étaient très fatigants pour nous car nous avions l’impression de frôler l’accident à chaque minute. Et puis on s’est habitué et notre dernier chauffeur nous a même paru un peu lent !

Le bout du bout du monde

Le bout du bout du monde

Nous sortons de la grande ville de Maduraï pour aller à Rameswaram, une petite ville sur une île, reliée seulement par un pont au reste de l’Inde, juste en face du Sri Lanka.

Cette ville s’appelle Rameswaram, car elle est liée à Rama, la réincarnation de Vishnou. Rama s’était fait voler son épouse Sita par le démon Ravana qui l’avait emmenée dans sa forteresse au Sri Lanka. Donc Rama est allé au Sri Lanka pour sauver Sita et tuer Ravana. Pour l’aider à traverser, une armée de singes et d’écureuils ont construit un pont de pierres et de roches (dingue, non ?) qui est maintenant écroulé. Mais certaines pierres continuent de flotter au cas où un autre dieu ait besoin de se rendre au Sri Lanka en vitesse. Rama est revenu à Rameswaram pour se purifier dans la mer, car il avait tué quelqu’un, ce qui était mal vu. Et donc, maintenant les Indiens viennent se purifier dans cette mer bénite par Rama.

Le premier jour, nous visitons le grand temple de Ramanatha Swami, dédié au seigneur Rama, autour duquel la ville a été construite. Le lendemain, nous nous levons tôt, ce qui est très difficile, pour faire un tour des environs : nous visitons 7 temples mais surtout nous allons tout tout au bout de la pointe, entre le golfe du Bengale et l’océan indien, à Danushkodi.

Eh oui… nous sommes allés au bout du bout du MONDE !!!!

En revenant, nous nous arrêtons à Old Danushkodi, un ancien petit village détruit par un cyclone en 1964 et dont il ne reste que des ruines et des petites maisons de tôle faites à l’arrache. Nous trouvons des vendeurs de pacotille à qui nous achetons un lingam. Le lingam est un objet religieux hindou qui représente le masculin et le féminin, en particulier Shiva, Parvati et leur amour. Nous avons vu une peinture d’un lingam sur le plafond du temple de Maduraï qui est très étrange car de n’importe quel endroit d’où on le regarde, on a toujours l’impression qu’il est tourné vers nous.

La peinture magique

Et pour repartir de Rameswaram, nous avons pris un train sur un pont ferroviaire au ras de l’eau, impressionnant parce qu’il fait seulement la largeur des rails et est long de plusieurs centaines de mètre. Le pont peut s’ouvrir au milieu pour laisser passer les bateaux avec un tas de mécanismes différents.

C’était l’endroit le plus à l’Est de toute ma vie !

Et pour finir, voici comme d’habitude, un petit échantillon de nos photos prises à Rameswaram :

Splendeur de l’hindouisme et clameur des klaxons à Maduraï

Splendeur de l’hindouisme et clameur des klaxons à Maduraï

L’arrivée à Maduraï a été pour nous un double choc et l’occasion de découvrir de nouvelles facettes de l’inde.

Premier choc : la rue !

Choc de la rue indienne bourdonnante, en mouvement continuel, avec ses klaxons incessants, ses rues boueuses, ses trottoirs – euh, quels trottoirs ? – sa circulation omniprésente et chaotique. Les petits métiers, les gens qui déplient un bout de tissu dans la rue et y alignent quelques babioles à vendre, les petits marchés à la sauvette mais permanents, les grappes d’Indiens partout, allongés à même le sol, accroupis, dormant dans leurs véhicules : tuktuk ou tricycles et les nombreux mendiants qui vous montrent leur bouche pour dire qu’ils ont faim. Dans la rue, la saturation des sens est permanente : couleurs, bruits, odeurs. Les photos et même les vidéos sont toujours décevantes car incapables de transmettre cette atmosphère si particulière. On réalise alors que les lieux qu’on a vu jusqu’ici dans le Kérala et qui nous paraissaient déjà très animés, étaient en fait des endroits plutôt calmes pour l’Inde !
Par quel bout prendre cette ville qui nous paraît tentaculaire ? Mani, un chauffeur de pousse-pousse, nous fait découvrir et partager sa ville avec beaucoup de tendresse et d’humanité : le marché aux tissus et ses tailleurs en enfilade dans un temple désacralisé, le marché aux bananes (le wall street de la banane, nous dit-il), le marché aux légumes et ses étals colorés puis celui aux bambous… Nous buvons sur ses conseils un délicieux Jigarthanda, boisson sucrée dont raffolent les Indiens, avant de faire un détour au musée Gandhi. Maduraï est en effet la ville où il décida de ne plus porter les habits occidentaux mais d’adopter le dhoti, drap noué en pagne, typique des paysans indiens.

Second choc : le temple

Une merveille architecturale et un temple hindou très ancien et très vivant. Ce temple est une vraie ville dans la ville, avec ses marchands, ses rituels, ses horaires et ses règles. Son architecture typique des temples dravidiens avec ces grosses tours pyramidales à la fois massives et grouillantes de sculptures colorées. On les appelle des gopura. Là nous rencontrons Mina, un guide francophone qui nous embarque dans ce labyrinthe et nous révèle quelques secrets sur le temple et quelques épisodes de l’histoire de Shiva et Parvati, sa femme, à qui est dédié le temple. Il pose sur nos fronts de la poudre rouge et blanche (faite avec de la cendre de bouse de vache : rien ne se perd !). Il nous conseille de revenir le soir pour assister au rituel du voyage de la statue. En effet, la statue de Shiva est déplacée à chaque coucher du soleil pour passer la nuit en compagnie de la statue de sa femme Parvati, sise dans un autre temple, afin qu’ils puissent engendrer le monde. Fumées d’encens, sons du tambour et de la flute et ferveur des participants nous étourdissent.

 

Maduraï est une ville très touristique… pour les Indiens ! De pèlerinage même. Nous n’y croisons que peu d’Européens. Et nous devenons nous-mêmes une attraction : notre peau blanche fascine et tout le monde veut son selfie avec les petits frenchies, en particulier avec Ernest ! What’s your name ? Which country ? Photo please ? Snap ? Ça a pris de telle proportions qu’on a fini par refuser systématiquement (et poliment), dur dur d’être des stars !

Cécile et Olivier

 

Delphes, le nombril du monde

Delphes, le nombril du monde

Bref, on a visité Delphes…

L’Aurige de Delphes, une des rares statues de bronze antique parvenue jusqu’à nous.

Nous partons un samedi matin, Alexandros nous prête sa voiture (merci !) On traverse Athènes puis des paysages lunaires, montagneux. Au bord des routes, une écume venue des champs de coton. Premier stop : le musée archéologique de Delphes. On retrouve la famille Papadakis, notre amie Anne-Lucie, son mari Alexandros et leurs deux filles Artémis et Athéna, pour un pique-nique commun. On est le 28 octobre, fête nationale en Grèce. L’entrée du site est donc exceptionnellement gratuite. Chance ! Le musée est petit mais contient des merveilles. L’Aurige de bronze (un aurige est un conducteur de char de course) miraculeusement conservé. Un immense taureau en feuille d’argent et l’Omphalos ou nombril du monde (un genre de cône entouré de rubans sculptés).
Delphes était un lieu de culte dédié à Apollon mais aussi un centre politique, économique et religieux majeur entre le VIe et le IVe siècle avant Jésus-Christ. C’est ici qu’officiait la Pythie, cette prophétesse (c’est-à-dire, selon l’étymologie grecque, « celle qui parle à la place du dieu ») célèbre dans toute la Grèce et au-delà.

Apollon aurait fondé le site lui-même, après avoir construit le temple de Délos.

Un peu de mythologie, ça ne peut pas faire de mal !

Le théâtre antique de Delphes

Pourquoi le « nombril du monde » ?
— Zeus aurait fait partir deux aigles, chacun d’un côté du disque terrestre et les rapaces se seraient retrouvés à Delphes. C’est aussi simple que ça !

D’où vient le nom « Delphes » ?
— De δελφίνι (delphini : le dauphin) car Apollon aurait pris la forme de cet animal pour attirer un groupe de marins crétois, devenus ses premiers disciples.

Pourquoi la prophétesse s’appelle-t-elle la Pythie ?
— Parce qu’Apollon a dû combattre un python qui occupait le site et fut donc appelé Apollon pythien.

De la montagne à la mer

Pause goûter en haut du site de Delphes, près du stade.

Nous sortons du musée sous la pluie et dans le brouillard. Nous reprenons les voitures pour rouler vers la mer et atteignons Galaxidis où nous passerons la nuit dans une pension à l’accueil très sympa. Nous visitons ce petit port sous la pluie avant de dîner dans une taverne de poisson. Le lendemain, petit déjeuner royal sur balcon donnant sur la mer. Artémis et Ernest récoltent quelques coquillages sur la plage. On remonte à Delphes en traversant la célèbre mer d’oliviers, cette immense forêt d’oliviers qui ondule jusqu’au rivage, et que la pluie nous avait totalement occultée la veille ! Le soleil est revenu et ses rayons magnifient le site que nous parcourons jusqu’au sommet, où se trouve le stade. Les enfants se faufilent entre les colonnes et les cyprès majestueux, courant librement dans ce site où l’on entend les cigales et le souffle lointain de prophéties anciennes. Nous profitons de cette balade entre les vieilles pierres pour discuter avec Anne-Lucie et Alex, amis que nous voyons (trop) rarement. Il est question de mythologie, d’éducation, d’histoire, d’expatriation et d’enfance… nous sommes bientôt sommés de rire moins fort par une guide allemande qui nous trouve un peu trop bruyants (espérons que nous n’avons pas dérangé quelque divinité, mais jusque-là, nous nous sentions chez nous, à peine dérangés par quelques autres touristes français et asiatiques matinaux) ! Après un chouette repas sur les marches d’une taverne en escalier dans la ville moderne de Delphes, nous reprenons le chemin d’Athènes.

Delphes l’envoûtante

Delphes est un lieu plein de grandeur et de mystère. Il est à la montagne ce que Délos est à la mer : un centre foisonnant de récits mythologiques, un épicentre politique et religieux de l’antiquité, un site grandiose et émouvant encore aujourd’hui. Une pensée à tous ceux, encore sous le charme, qui nous avait conseillé d’y faire une visite !

 

Le Mont Zeus

Le Mont Zeus

Le Mont Zeus est une belle montagne qui est sur l’île de Naxos où nous avons passé une semaine et que nous trouvons très agréable. Nous avons loué une voiture pour faire le tour de l’île et nous nous sommes arrêtés à ce Mont Zeus qui s’élève à 1000 mètres d’altitude (le plus haut de l’île).  Arrivés au point de départ d’un chemin de randonnée par une petite route vertigineuse, nous partons par un chemin caillouteux et abrupt pour 20 minutes de marche jusqu’à une grotte dans la montagne. Nous admirons le paysage magnifique des grandes montagnes et de la mer, sous le soleil. Une fois dans la grotte, nous la visitons à tâtons, avec la petite lumière des téléphones. C’est une belle expérience de petite spéléologie, fraîche et sombre. Sur le chemin du retour, nous profitons d’une source d’eau pure qui descend directement de la montagne pour nous désaltérer. Puis nous repartons de cette belle montagne où, selon la légende, le dieu Zeus aurait passé son enfance.

Les 5 saisons de Délos

Les 5 saisons de Délos

Délos, saison 1 : Les Dieux

Sur l’île de Délos, nous arrivons au centre du monde grec classique. Nous découvrons une ville étonnamment présente, malgré les 23 siècles qui nous séparent et passons une journée sous les auspices d’Apollon et Artémis, les dieux jumeaux nés ici. Il faut vous dire que l’histoire n’a pas été simple.

Zeus avait séduit Lito (une vénitienne) qui s’était retrouvée enceinte des jumeaux. Mais Héra, la femme de Zeus, déesse de la vie conjugale et de la jalousie, a été, disons… courroucée et a ordonné qu’aucune terre connue ne puisse accueillir Lito pour qu’elle donne la vie. La pauvre Lito s’est donc retrouvée à errer durant des années et même des siècles sans pouvoir accoucher… Pas cool.

Le dieu des mers, Poséïdon, touché par la détresse de la jeune femme (ou peut-être était-ce sur ordre de Zeus ?) se décide à lui venir en aide. Or, Poséïdon possédait une terre enfouie sous les mers qui s’appelait Adélos (l’invisible en grec). Elle était retenue au fond des mers par des chaînes en or et en diamant (tant qu’à faire…). Ni une, ni deux, Poséïdon coupe les chaînes, l’île remonte à la surface, devient visible et prend le nom de « Délos » (qui signifie visible). Et voilà une belle maison de naissance pour les jumeaux Artémis et Apollon.

Délos, saison 2 : Les Grecs

Suite à cette histoire dingue d’île qui remonte et de Dieux qui naissent, Délos ne pouvait pas être traitée tout à fait comme n’importe quelle autre île… surtout qu’elle se situe au centre d’un cercle formé par les Cyclades et que contrairement à toute la Grèce, elle ne subit jamais de mouvement sismique ! Elle a donc été déclarée sacrée et a été un centre névralgique religieux et commercial durant des siècles. Lieu du trésor de la Ligue maritime réunissant Athènes et les îles, elle a abrité 30 000 âmes à son apogée dont une bonne partie d’esclaves. Lors d’une vague de purification, les Athéniens ont érigé une règle qui voulait qu’il soit interdit d’y naître et d’y mourir. Toute femme enceinte proche du terme était donc rapidement conduite sur l’île voisine de Rhénée. De même, toute personne malade ou en fin de vie (passé 40 ans à l’époque !) était gentiment priée d’aller se faire voir… chez d’autres grecs !

L’île étant plutôt bien cotée, des communautés de toutes la méditerranée sont venues s’installer à Délos, se sont regroupées par quartiers et on eu le droit de faire leurs petites affaires, de frapper leur monnaie, de construire des temples pour adorer leurs dieux, et c’est ainsi que l’on trouve des temples égyptiens, vénitiens, syriens, une synagogue, etc. Une vraie leçon de vivre ensemble !

Délos, saison 3 : La déchéance

Après une période de paix et de fastes multiculturels, l’île passa sous domination romaine comme l’ensemble de la Grèce et fut alors conquise et colonisée en 88 avant J.C. par Mithridate, un roi du Bosphore. Assoiffé de pouvoir et de revanche sur les romains, il pilla l’île de ses trésors et massacra ses habitants. Après son passage, il ne restait que 3000 des 25 000 personnes vivant sur l’île ! Vint ensuite un pirate vénitien qui finit par prendre tout ce qui restait de valable sur Délos et déporta les derniers survivants. L’île tomba ensuite dans l’oubli.

Délos, saison 4 : Les français

C’est en 1873 que des archéologues français, associés à des grecs, ont commencé à fouiller le site abandonné depuis 15 siècles. L’île est une ville antique à ciel ouvert, où l’on se promène librement entre les restes de temples, les colonnes et les statues. Un témoignage inestimable de la vie quotidienne pendant l’Antiquité grecque. On estime aujourd’hui que seuls 20 % de la superficie totale de l’île ont été fouillés, essentiellement autour du port sacré et du port commercial. Mais le travail archéologique est aujourd’hui à l’arrêt par manque de moyens.

Délos, saison 5 : Les Perrin débarquent

Devant tant de grandeur, nous avons choisi de débarquer modestement sur ce lopin de terre avec nos sandwichs et nos gourdes. Sur le bateau, nous avons pu faire la causette avec Grégoire et Suzanne, deux américains venus de Floride. Dès l’arrivée, nous avons confié notre destin à une guide francophone qui nous a fait découvrir la vie quotidienne dans les échoppes et les maisons de l’île entre 500 et 200 avant Jésus-Christ. Ernest a dégoté un gecko et bien sûr… des chats. La petite Mélissa, 3 ans, adorait elle aussi les chats et venait de Suisse. Nous avons sympathisé avec Jean-Daniel et Françoise, un couple de grands voyageurs suisses, enseignants à la retraite avec qui nous avons partagé la découverte du théâtre et de la maison des masques… et au retour à Mykonos, une pizza et une belle ballade dans les ruelles. Le bateau du retour nous a bien secoué et nous avons pu connaître les joies du mal de mer. Une première pour les enfants ! Touchés par ce voyage dans le temps, nous revenons de Délos pleins de bons souvenirs, d’inspiration mythologique et enchantés par nos rencontres du jour.

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