Catégorie : Avec nos pieds…

Du Kerala au Tamil Nadu

Du Kerala au Tamil Nadu

L’espace et le temps indiens

Se déplacer dans ce vaste pays demande du temps. Évaluer le meilleur mode de transport d’un point à un autre n’est pas une chose facile.
Le réseau des trains est assez dense, l’ensemble de l’Inde est bien desservie et les liaisons sont nombreuses. C’est un moyen de transport très populaire ; en conséquence, les trains sont toujours très pleins et il faut s’y prendre plusieurs jours à l’avance pour être sûr d’avoir des billets. Or l’anticipation n’est pas notre fort… Et malgré nos efforts, impossible d’acheter les billets en ligne car le site IRCTC (Indian Railway Catering et Tourism Corporation – la SNCF Indienne) n’accepte pas les cartes Visa.
Pour un trajet jusqu’à 150 km, vu que nous sommes 5 (plus les bagages), il est plus avantageux pour nous de louer une voiture avec un chauffeur, même si la durée du trajet n’est pas forcément plus rapide car l’état des routes et du trafic est assez aléatoire… C’est donc en taxi que nous quittons l’ashram d’Amma pour Thiruvananthapuram, la capitale du Kérala au nom si chantant (appelée aussi plus simplement Trivandrum – ouf !) Ce sera pour nous une simple étape d’une nuit, avant de prendre un train pour Maduraï. Cette fois, nous avons réussi à prendre des billets en classe CC (Chair Coah – places assises avec climatisation).

Gare de Trivandrum

Cyclone

Avec ce train, nous traversons l’extrême sud de l’Inde, qui vient d’être touché par le cyclone Ockhi et nous découvrons les dégâts : champs et villages inondés, bananiers pliés en deux, cocotiers décapités… On est bien contents de ne pas avoir été là lorsqu’il est passé 1 jour plus tôt.

Vrushita

La suite de notre voyage est animée par la rencontre avec une famille indienne originaire de Mysore et en particulier la petite Vrushita qui vient à notre rencontre avec une énergie et un naturel désarmant. Jeux d’école : elle fait la maîtresse, trace des lettres sur un tableau imaginaire, Ernest et Cécile sont ses élèves et du haut de ses 3 ans et demi elle corrige et donne des instructions. Jeux de mains, sauts, chants, danse, collage de gommettes, dinette, tout cela avec quelques mots d’anglais et beaucoup de gestes. Après ces quelques heures de trajet, nous sommes vraiment amis. Le lendemain, nous retrouvons par hasard toute la famille aux portes du temple de Maduraï – mais cette fois, Vrushita est toute intimidée… Une belle rencontre !

Varkala rime avec yoga et ayurveda

Varkala rime avec yoga et ayurveda

Sleeper Class

Après le luxe de Cocobay, nous avons franchi allégrement quelques étages de l’ascenseur social indien (vers le bas) en effectuant notre premier trajet de train dans la Sleeper Class, la classe « pour dormir »… La Sleeper est la 5ème dans un système ferroviaire indien qui en compte 6 ! Seules les 3 premières sont équipées de la climatisation. On a eu chaud, on a voyagé serrés, avec des gens charmants qui se sont poussés pour nous faire de la place. Une dame, voyant qu’Ernest s’ennuyait, lui a même offert une orange.

Une petite pension bien sympa : Shiva’s Garden

Quelques heures plus tard, nous avons atteint Varkala où nous attendait un lieu charmant : Shivas’Garden.
En voici les (bons) souvenirs d’Ernest :

« On arrive, on pense que c’est un restaurant car il y a plein de décorations et un menu écrit à la craie sur un tableau. Mais on découvre après que c’est une pension avec un restaurant avec un cuisinier très sympa qui s’appelle Ragid. Il y a aussi des jeux, des hamacs, des brelages pour tenir des bambous, une échelle, une sorte de balançoire avec un pneu. Un filet pour jouer aux raquettes de Paddington (sic) et un panier de basket. Je me suis beaucoup entraîné pour réussir. Le directeur de la pension s’appelle Jayan et il est très sympa. Il m’a dit beaucoup de choses en anglais et j’ai tout compris. Aussi, il a joué avec moi au panier de basket. Là-bas, on a rencontré des très sympathiques Français, Solène et Alex, qui faisaient du yoga et qui sont très cool. On a beaucoup discuté avec eux, on a joué au Cobo – un jeu de cartes –, au Monopoly deal et aux échecs avec Alex. Une fois, on a joué pendant toute une après-midi parce qu’il pleuvait. Solène et Alex sont des grands voyageurs qui sont déjà allés en Australie, en Thaïlande et ils ont prévu de passer 4 mois en Inde.

À Shiva’s Garden, il y a deux chiens (un mâle et une femelle) et un petit chaton. Au début j’avais peur du chat et des chiens car je pensais qu’ils avaient peut-être la rage mais après, le chef m’a assuré que non. Solène et Alex adoraient ce chat qui était trop drôle et ils aimaient bien le caresser.

Sur la plage, il y avait des grosses vagues, c’était très amusant. Nos amis se sont baignés une fois avec nous. J’ai vu un gros crabe. Ici, il y a quelques années, il y eu un tsunami qui venait de l’Indonésie et qui est allé jusqu’à l’Inde.

On s’est fait mesurer pour avoir des nouveaux pantalons faits par un tailleur pour que les moustiques ne nous piquent pas les jambes.
Shiva’s Garden c’était super, moi j’ai adoré, c’était différent de Cocobay mais très bien aussi ! »

Ernest.

Faire son yoga à Varkala

Varkala est un haut lieu du tourisme lié au yoga et à la médecine ayurvédique. C’est plein d’occidentaux qui viennent retrouver des pratiques ancestrales à la source. Au rayon des spécialités locales qui ont conquis le monde, Naples a inventé la pizza et l’Inde a créé le yoga ! Donc chaque hôtel, chaque maison, offre des séances de massage, yoga, et autres pratiques zen avec encens et huiles végétales fleurant bon les herbes et la coco. Ajoutez à cela les plages magnifiques et les cocotiers, et vous avez tous les ingrédients pour attirer les foules. Le must, c’est de se lever à l’aube pour une séance de méditation ou de yoga sur la plage avant que la chaleur soit trop écrasante, les vagues trop violentes et la foule trop dense…

Pour accéder aux plages de Varkala, il faut descendre par un escalier raide qui serpente le long de la cliff, une falaise de pierre rouge qui donne à ce paysage son caractère si particulier. À l’aplomb de la falaise poussent des cocotiers et une épaisse végétation, si belle sur les photos… et qui cache bien les détritus laissés aux corneilles et aux chiens errants ! Sur la crête de la falaise, un chemin piéton, où il est reposant de ne pas être dérangé par les klaxons et les gaz des voitures et des tuk-tuk. On s’y promène en surplomb de la plage, pour admirer la vue imprenable sur la mer, secouée des vagues qui font la joie des surfeurs et des enfants. Les maîtres nageurs, en élégants costumes bleus, surveillent comme le lait sur le feu Indiens (complétement vêtus) et touristes (en string) venus se baigner trop près des courants dangereux. N’allez pas croire cependant que la ballade est solitaire ! Tout le long de ce petit chemin s’étale le marché tibétain, des échoppes de vêtements, tissus, pierres, encens, et quelques terrasses qui ont chacun leur rabatteur et demandent sans cesse d’aller faire un tour « inside » . Il faut dire que les couleurs sont éclatantes et les étoffes fines… Nous décidons juste d’acheter des pantalons légers adaptés aux attaques de moustiques, très virulents dès le matin, mais surtout à partir de 17 heures. Le petit plaisir : choisir son tissu et se faire coudre un pantalon sur mesure !

« — Shopping today, m’dam?
— No, thank you! »

Après 4 jours passés à Varkala, entre la plage, les délicieux repas kéralais, les discussions et les parties de jeu avec nos compagnons du Shiva’s Garden, nous quittons ce petit bout d’Inde et ses touristes ayruvédiques pour une tout autre aventure !

Bonus : une galerie de photos supplémentaires choisies par Ernest

Surf à Varkala Beach

Surf à Varkala Beach

Shiva’s Garden, la pension sympa.

Après Cocobay, nous prenons le train et nous arrivons à Varkala. Nous nous installons dans une pension bien sympa, Shiva’s Garden, et le lendemain matin nous partons à la fameuse plage de Varkala (une eau très chaude et de grosses vagues).

Ce matin, on a fait du surf. Ernest, Solal et moi (Armand) .Olivier a essayé 2 min et n’a pas trop réussi. On n’avait pas prévu, mais comme on nous a proposé, Cécile n’a pas pu dire non (ouf !). Alors on a commencé, le prof nous a d’abord expliqué les mouvements sur le sable : allongés sur la planche, la tête en haut, et hop (« up »), on se lève. Tous les trois on a répété plusieurs fois avant d’aller sur les vagues … La c’était plus dur, le prof nous poussait et on devait se lever au bon moment, puis tenir l’équilibre. Super sensationnel mais on tombait toujours à l’eau. Dans les grosses vagues.

Voilà quelques-uns de nos exploits en vidéo :

Ernest en action :

Solal en action :

Et moi , en action :

 

Quand même assez épuisant. Alors pour se requinquer on achète de la noix de coco fraîche que l’on déguste sur place :

Au fil des backwaters

Au fil des backwaters

Sur les conseils d’Edwin, nous décidons de visiter les backwaters depuis Kochi et non depuis Alapuzzha, comme nous l’avions prévu. Nous nous laissons guider pour une journée entière dans un environnement totalement différent à la fois de la ville que nous venons de découvrir et de ce que nous connaissons, une plongée dans un paysage typique du Kérala… Les backwaters ce sont des lagunes, des lacs et des bras de rivières qui forment un réseau de grands et petits canaux, naturels ou artificiels, isolés de la mer d’Oman par une digue naturelle. Un lieu de pêche mais aussi de circulation intense de marchandises et maintenant… de touristes !

 

Départ à 8 heures pour quitter la ville et descendre à quelques kilomètres plus au sud, dans un taxi qui utilise environ 45 fois son klaxon en 5 minutes (compte fait par Solal, vérifié par Olivier). Le trajet nous permet de découvrir la ville au moment du pic de trafic : camions, bus scolaires, motos chargées de familles entières, écoliers et travailleurs à pied ou en vélo, nids de poule, chèvres et vaches se partagent la voie… sans parler des embardées nécessaires en raison des trous dans la chaussée, des inondations locales ou tout simplement de l’absence de voirie ! Après une heure d’un voyage captivant, nous sortons un peu froissés du taxi, au milieu d’une jungle luxuriante et humide. Un groupe d’une quinzaine de touristes (Suisses, Français, Anglais) se forme autour d’un guide Indien qui nous conseille d’acheter des bouteilles d’eau car, lors de cette croisière, il n’y aura « no shop, no restaurant, no market« . Le ton est donné : il va faire chaud, très chaud, et nous serons loin de la civilisation… c’est parti !

Nous montons à 7 sur un kettuvalam, petit bateau traditionnellement voué au transport des marchandises sur les backwaters. Sur ces bateaux, aucun clou : les pans de bois sont noués entre eux par des cordes en coir, fibre de noix de coco très utilisée dans la région. Avec un immense bambou, un conducteur nous fait glisser sur l’eau calme des backwaters, et nous rejoignons très vite des canaux ombragés longeant des fermes espacées au milieu d’une végétation luxuriante.

 

Dans ce cadre incroyable, nous observons les femmes battre leur linge, les canards s’ébrouer, les nénuphars s’ouvrir et les cocotiers former une canopée dentelée au-dessus de l’eau verte. Notre guide nous apprend à ouvrir l’œil : bananiers, amandiers, cacaotiers, ananas sauvages, cormorans, martin pêcheurs…

Premier arrêt dans une ferme qui produit des épices. Notre guide nous aide à reconnaître les graines du poivre et du café, les feuilles du gingembre, de la vanille, des beedies, le fruit du muscadier, de la passion et de la papaye. Nous goûtons le grain piquant du poivre encore vert, sentons les feuilles du citronnier et de la cannelle… Solal échappe à la chute d’une noix de coco mure tandis qu’Armand en découvre une en train de germer. Nous sommes bien au Kérala, le « pays des cocotiers » dans la langue locale (le malayalam). Promenade sensorielle dans la chaleur moite de la campagne hirsute et sauvage de l’Inde du sud.

 

De retour à notre point de départ, nous rejoignons une autre embarcation, un plus grand bateau appelé houseboat, qui a l’avantage d’être couvert et d’offrir des sièges allongés… Protégés du soleil, nous nous laissons acheminer, toujours à la force des bras, jusqu’à notre repas. Servi sur des feuilles de bananiers, nous goûtons à un festin typiquement kéralais, végétarien, savoureux… et épicé ! Sous le toit en tôle, il nous faut accepter la chaleur et la sueur qui coule dans notre dos.

La suite se fait au rythme lent du houseboat : femmes se lavant dans le fleuve, mouvement des pêcheurs levant leurs filets, vol d’ibis, cris d’oiseaux et croassement des grenouilles. Beaucoup se laissent bercer et siestent, d’autres lisent, photographient ou font connaissance… Une pensée pour Marie-Jo, sage-femme suisse, qui nous raconte ses expériences de voyage en Chine, en Inde et en Afrique. Pour Denise et Francie, sœurs anglaises qui viennent chaque année en vacances en Inde. Pour ces 2 étudiants en commerce qui profitent d’un projet de fin d’étude sur les épices pour s’en mettre plein les papilles et les mirettes !

 

Avant la fin de notre excursion, petite halte à une corderie de coir, où nous assistons à une démonstration de filage de la fibre de noix de coco, à la main. Aujourd’hui, le processus est mécanisé mais le principe est le même : faire rouler la fibre entre ses mains pour former la corde. Simple et très résistante. Nous regagnons ensuite la terre ferme et notre taxi pour une nouvelle épopée sur les routes de Kochi et sa région. Celle-ci se termine par un incident qui ne réveille même pas Ernest ! La voiture freine brutalement pour éviter d’un côté un vélo, de l’autre un scooter… Olivier, qui est au premières loges, voit très bien la chèvre percutée passer sous la voiture, puis sortir en courant sur le trottoir, un peu sonnée… Même pas mal !

Le soir, tout groggy de ce voyage entre la bouillonnante ville et les foisonnants backwaters, nous goûtons la cuisine kéralaise de Shirley, notre hôtesse. Délicieuse cerise sur le gâteau à l’issue de cette incroyable journée !

En route vers l’Inde

En route vers l’Inde

Notre première étape sur la route de l’Inde est l’Arabie Saoudite car nous voyageons avec Saudia Airlines.

Comme attendu, l’escale à Djeddah a été longue et fatiguante. De 21h jusqu’à 11h le lendemain sans pouvoir sortir de la zone de transit de l’aéroport car nous n’avons pas de visa saoudien. Rien pour dormir, juste des sièges très convoités ou le sol plus dur… Vers 4 heures du matin, seule Cécile ne dort pas. Le moment idéal pour faire la connaissance d’une famille soudanaise en route pour aller en Inde faire soigner leur grand-mère atteinte de diabète. Petite parenthèse exotique autour d’un thé offert par l’aéroport,  avant de nous faire expulser de la salle d’attente finalement plutôt agréable, pour rejoindre le terminal bondé et ultra climatisé.

Notre avion devait repartir à 8h, heure locale, mais à 11h, il n’était toujours pas annoncé. Durant ces trois heures, nous n’avons eu aucune explication, si ce n’est que l’avion n’était pas prêt, qu’il fallait lui changer les pneus… et que l’attente pouvait durer un certain temps. Inch Allah ! Nous avons tellement insisté pour avoir des explications que le préposé à l’embarquement nous connaissait bien… Au moment d’embarquer enfin, il nous demande d’attendre, nous prend nos cartes d’embarquement, tapote sur son ordinateur… pour changer nos sièges et nous offrir la classe affaire ! Cela a fait la joie des enfants : fauteuils confortables qui s’allongent complètement, super écrans pour regarder des films, coussins moelleux et hôtesses très polies.

Commentaire d’Ernest : « Ils sont vraiment sympas les arabes ! »

Athènes populaire

Athènes populaire

En 10 jours à Athènes, nous avons pu toucher d’un peu plus près le quotidien des Athéniens, vivre au tempo de la ville et de ses habitants d’aujourd’hui. Tôt le matin, le petit café partagé entre voisins ou avec les passants sur une chaise ou un banc aménagé sur le trottoir. L’agitation constante aux Halles de Monastiraki, dans les magasins de gros alentour, les marchés aux fruits et légumes et aux épices qui brassent marchandises et populations mélangées. La pause méridienne, entre 14 et 17 heures au moins, pendant laquelle la ville semble s’assoupir, sauf bien sûr dans les avenues toutes très circulées où le défilé des voitures est constant et dans les lieux touristiques qui fonctionnent non-stop. Puis en début de soirée, les magasins et les tavernes ouvrent à nouveau leurs rideaux jusqu’à tard. Repas vers 22 heures, après que les touristes soient partis se coucher, afin de profiter de la douceur de la nuit et de ses délices.

À Athènes, nous avons beaucoup marché… même si la ville reste surtout aménagée pour les voitures. Peu de vélos, et des stations de métro assez éloignées les unes des autres. La marche, un excellent moyen pour s’approprier une ville, avoir ses repères et ses petites habitudes. À Exarchia, le quartier où nous habitions, populaire et réputé pour être  le quartier général des anarchistes, nous nous sommes sentis assez rapidement chez nous. Le boulevard Ippocratous et la rue Benaki, leurs trottoirs couverts en galeries, leurs boutiques spécialisées (librairies, disquaires, bazars…) dont plusieurs ont définitivement fermé, leurs cars de militaires aux aguets, leurs tags et banderoles, leurs immeubles datant de plus d’un siècle systématiquement laissés à l’abandon, leurs habitants toujours près à vous aider et à discuter (surtout quand vous avez des enfants), leurs affiches, leurs bars et leurs petits théâtres, leurs ateliers d’artisanat comme venus d’une autre époque… bref un quartier sans charme architectural mais vivant dans lequel nous aimions nous perdre au gré de nos promenades. Un quartier qui nous a fait penser au Berlin des années 2000, jeune, accueillant, populaire et mélangé. Bref, une ville qui ne se laisse pas réduire aux mots pollution, tourisme et crise.

 

Au cœur de ce quartier, de cette ville et de cette vie, bat le rythme du Rébétiko. Cette musique, souvent définie comme un blues européen, est née au début du XXe siècle, dans les quartiers populaires d’Athènes, où se retrouvaient les Rebets. Après un accord avec la Turquie, ces Grecs du littoral turc avaient été sommés de regagner le continent, arrachés à leur terre. Souvent pauvres, buveurs, consommateurs et dealers de haschich, ils avaient souvent maille à partir avec la police et se retrouvaient dans des tavernes pour pleurer ensemble leur destin en jouant du bouzouki et en dansant le Rébétiko. Interdit pendant la dictature de Metaxas, il reste encore vivant aujourd’hui et on peut l’entendre dans les tavernes enfumées d’Exarchia. Nous l’avons croisé chez Cécile et Bastien, qui nous accueillaient à Athènes, puis au détour d’une rue de Plaka et dans l’excellente bande dessinée Rébétiko de David Prudhomme. Quant au Sirtaki, on ne l’entend en Grèce que dans les tavernes à touristes, car il n’a rien de traditionnel (il a été inventé en 1964 pour le film Zorba le Grec produit par Hollywood) !

 

 

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Athènes, ville antique

Athènes, ville antique

D’aucuns diront que 2 ou 3 jours à Athènes suffisent pour en saisir l’essentiel : le Parthénon, l’Agora, une balade dans le quartier de Plaka, le musée Archéologique et celui de l’Acropole…

C’est vrai, la Grèce antique surgit de tous les pores de la ville et arpenter ce petit carré autour de l’Acropole permet d’en rencontrer les plus impressionnantes découvertes. Il suffit, ici, de creuser les fondations d’un immeuble, d’une bouche de métro ou d’un nouveau musée pour y trouver des traces de la vie des Grecs anciens, et particulièrement de cette vie florissante du Ve siècle avant J.C. où naissaient simultanément les bases de la démocratie, des mathématiques, du théâtre, de la philosophie, de l’histoire…

Pendant près d’un mois en Grèce, c’est certainement lors de notre séjour à Athènes que nous avons été le plus impressionnés par ces résurgences de l’Antiquité, intimement liées à la vie moderne qui se poursuit alentour, et pourtant si décalées, si différentes, si mystérieuses. Comme une ville sous la ville, endormie, mais prête à ressurgir sur le dos ailé d’un sphinx et résonnant encore par-dessus les klaxons et le bruit sourd de la circulation. Un rêve dont on n’arrive pas à comprendre tous les symboles mais qui a pourtant existé et qui s’est imprimé dans les murs et la terre où l’on vit et se promène, presque insouciants.

Si l’on rencontre des Grecs dans ces sites, c’est le plus souvent derrière les guichets, en gardiens de musée, en statues muettes aux bras coupés ou en serveurs de terrasse. Le temps y est celui du touriste, cadencé, où chaque pause est emplie de futurs souvenirs. Une plongée en apnée dans le monde Antique, offert en XXL, à ciel ouvert ou entre les murs des musées.

 

 

 

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Delphes, le nombril du monde

Delphes, le nombril du monde

Bref, on a visité Delphes…

L’Aurige de Delphes, une des rares statues de bronze antique parvenue jusqu’à nous.

Nous partons un samedi matin, Alexandros nous prête sa voiture (merci !) On traverse Athènes puis des paysages lunaires, montagneux. Au bord des routes, une écume venue des champs de coton. Premier stop : le musée archéologique de Delphes. On retrouve la famille Papadakis, notre amie Anne-Lucie, son mari Alexandros et leurs deux filles Artémis et Athéna, pour un pique-nique commun. On est le 28 octobre, fête nationale en Grèce. L’entrée du site est donc exceptionnellement gratuite. Chance ! Le musée est petit mais contient des merveilles. L’Aurige de bronze (un aurige est un conducteur de char de course) miraculeusement conservé. Un immense taureau en feuille d’argent et l’Omphalos ou nombril du monde (un genre de cône entouré de rubans sculptés).
Delphes était un lieu de culte dédié à Apollon mais aussi un centre politique, économique et religieux majeur entre le VIe et le IVe siècle avant Jésus-Christ. C’est ici qu’officiait la Pythie, cette prophétesse (c’est-à-dire, selon l’étymologie grecque, « celle qui parle à la place du dieu ») célèbre dans toute la Grèce et au-delà.

Apollon aurait fondé le site lui-même, après avoir construit le temple de Délos.

Un peu de mythologie, ça ne peut pas faire de mal !

Le théâtre antique de Delphes

Pourquoi le « nombril du monde » ?
— Zeus aurait fait partir deux aigles, chacun d’un côté du disque terrestre et les rapaces se seraient retrouvés à Delphes. C’est aussi simple que ça !

D’où vient le nom « Delphes » ?
— De δελφίνι (delphini : le dauphin) car Apollon aurait pris la forme de cet animal pour attirer un groupe de marins crétois, devenus ses premiers disciples.

Pourquoi la prophétesse s’appelle-t-elle la Pythie ?
— Parce qu’Apollon a dû combattre un python qui occupait le site et fut donc appelé Apollon pythien.

De la montagne à la mer

Pause goûter en haut du site de Delphes, près du stade.

Nous sortons du musée sous la pluie et dans le brouillard. Nous reprenons les voitures pour rouler vers la mer et atteignons Galaxidis où nous passerons la nuit dans une pension à l’accueil très sympa. Nous visitons ce petit port sous la pluie avant de dîner dans une taverne de poisson. Le lendemain, petit déjeuner royal sur balcon donnant sur la mer. Artémis et Ernest récoltent quelques coquillages sur la plage. On remonte à Delphes en traversant la célèbre mer d’oliviers, cette immense forêt d’oliviers qui ondule jusqu’au rivage, et que la pluie nous avait totalement occultée la veille ! Le soleil est revenu et ses rayons magnifient le site que nous parcourons jusqu’au sommet, où se trouve le stade. Les enfants se faufilent entre les colonnes et les cyprès majestueux, courant librement dans ce site où l’on entend les cigales et le souffle lointain de prophéties anciennes. Nous profitons de cette balade entre les vieilles pierres pour discuter avec Anne-Lucie et Alex, amis que nous voyons (trop) rarement. Il est question de mythologie, d’éducation, d’histoire, d’expatriation et d’enfance… nous sommes bientôt sommés de rire moins fort par une guide allemande qui nous trouve un peu trop bruyants (espérons que nous n’avons pas dérangé quelque divinité, mais jusque-là, nous nous sentions chez nous, à peine dérangés par quelques autres touristes français et asiatiques matinaux) ! Après un chouette repas sur les marches d’une taverne en escalier dans la ville moderne de Delphes, nous reprenons le chemin d’Athènes.

Delphes l’envoûtante

Delphes est un lieu plein de grandeur et de mystère. Il est à la montagne ce que Délos est à la mer : un centre foisonnant de récits mythologiques, un épicentre politique et religieux de l’antiquité, un site grandiose et émouvant encore aujourd’hui. Une pensée à tous ceux, encore sous le charme, qui nous avait conseillé d’y faire une visite !

 

Les plages de Paros

Les plages de Paros

Nous sommes restés trois jours sur l’île de Paros.

Le premier jour, nous nous installons et nous allons sur la plage de Krios à Parikia, tout près de chez nous (5 minutes à pied !) L’eau est si limpide qu’Olivier achète un masque et un tuba. On essaie alors ces accessoires et ils nous plaisent beaucoup ! Nous pouvons observer des oursins, des poissons colorés, des coquillages, des algues…

Le lendemain, nous décidons de faire un tour de l’île en voiture pour explorer les différentes plages conseillées par Marcos, le chef sympa du restaurant ou nous avions mangé la veille. Nous partons donc vers les plages paradisiaques de Cap Agios Phokas (où Olivier pêche un oursin), puis Kolymbithrès (aux paysages lunaires) et enfin Santa Maria : nous nous baignons dans trois endroits très différents aux 4 coins de l’île (ou plutôt aux 3 coins…)

C’était vraiment cool d’avoir des plages chaudes avec une eau transparente et très peu de monde (hors saison). Avec nos masques et tubas, nous avons exploré des paysages sous-marins magnifiques. Le soir, sur la route du retour, nous découvrons un petit village peu touristique, Lefkès, au milieu de l’île et nous profitons d’un délicieux Gyros.

Une très bonne journée fatigante !

Pour finir, nous nous baladons aussi dans la ville principale et typique de Parikia, son château construit avec des restes de ruines antiques, son musée archéologique (bien sûr!), et ses ruelles charmantes où nous rencontrons des Bretons sympathiques lors d’un copieux petit déjeuner.

PS: Si vous ne voyez Olivier sur aucune photo, c’est que c’est lui qui en a pris le plus…

 

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