Parenthèse à Puducherry
Pondichéry
Depuis 1954, Pondichéry n’est plus un territoire français. Aujourd’hui, peu d’habitants parlent encore le français, mais il reste dans cette ville un petit air colonial qui lui donne un caractère à part. C’est une petite ville indienne de 700 000 habitants dont le plan en damier, très rare dans la topologie urbaine locale, est enclos dans un boulevard circulaire. Elle est partagée sur un axe nord-sud en deux parties très distinctes.
À l’Est d’un canal à sec et malodorant, la ville blanche porte bien son nom : ancien quartier français, l’habitat y est influencé par l’architecture européenne et la population reste plus riche et plus occidentale qu’ailleurs. Les rues s’appellent Suffren, Laporte, Surcouff, de La Bourdonnais… L’alliance Française, les ambassades, le lycée français, les parcs ombragés, le monument aux morts de la guerre 14-18 et les résidences et restaurants cossus s’y côtoient dans un calme et un ordre qui fait oublier que nous en sommes en Inde. Sa promenade le long de la mer, digne d’une station thermale, est très fréquentée à la tombée de la nuit.
À l’ouest, la ville tamoule est elle-même divisée en 3 quartiers : le quartier musulman, le quartier chrétien et le quartier hindou ; et, de fait, on y croise successivement des mosquées et des grilles de portes ouvragées en moucharabieh, des églises catholiques aux vierges éclatantes, un temple hindou avec son éléphant. Cette partie de la ville est le poumon populaire et véritablement indien de la ville. Le Sunday market, qui prend place le dimanche sur la Mahathma Gandhi Road, vaut une visite : bain de foule, d’odeurs et de couleurs !
Sans doute est-ce pour cette raison que les touristes font souvent une halte prolongée à Pondichéry. On y trouve à la fois les couleurs débridées de l’Inde mais aussi le repos nécessaire à nos sens surexcités. Cependant, si l’on sent nettement la différence entre les deux « villes » qui forment Puducherry, ici les trottoirs sont aussi défoncés que là-bas, les tuk-tuk foncent à travers les rues en poussant leur klaxon tonitruant, les chiens errants ou les vaches sacrées clopinent un peu partout et les boutiques à touristes offrent les mêmes tuniques chamarrées aux quatre coins de la ville. Pondichéry reste Puducherry, une ville indienne !
Pause à la pension Swades
Comme beaucoup, nous avons décidé de faire une halte plus longue à Pondichéry histoire de reprendre notre souffle après notre traversée du Tamil Nadu et avant de repartir pour Kochi. Nous nous sommes installés dans la charmante pension Swades située dans le quartier musulman, juste à la limite de la ville blanche mais aussi, juste à côté d’une mosquée. Les enfants ont dû s’habituer à se rendormir après le premier appel à la prière dès 5h du matin… mais la pension offrait bien des avantages : nous avions notre appartement à nous dans une charmante petite rue populaire, calme et très bien située. De l’autre côté de la rue se trouvait la salle et cuisine communes et une terrasse donnant sur les toits où corneilles, écureuils et même quelques singes aperçus de loin, venaient nous tenir compagnie. Le matin, les petits déjeuners préparés par Solange étaient un régal. D’autant qu’ils étaient souvent agrémentés de rencontres avec les autres habitants de la pension. Le Guide du Routard faisant bien son travail chez les touristes français, la pension Swades est très fréquentée des frenchies… nous avons eu le plaisir de rencontrer Anna qui faisait un stage dans une école de campagne, Geneviève qui cherchait des traces de son enfance dans un orphelinat de la ville et Fanny qui revenait en Inde après plusieurs années. Mais aussi Nelly et Alain, un couple d’enseignants de Caen à la retraite, avec qui nous avons échangé des bonnes adresses, des souvenirs, des conseils de santé et de chaussures ! Mujib, notre hôte, était de très bon conseil et nous a permis de réaliser un programme à la carte pendant notre séjour à Pondichéry. Nous avons profité pleinement de cette halte à Puducherry : déambulations dans la ville, visite à Auroville, repos, lecture, baignade à la Serenity Beach, rencontres, visite de Ginjee, petits restaurants d’inspiration occidentale pour reposer nos papilles et, sur les conseils du cousin Guillaume, achat de sandales faites sur mesure et sous nos yeux ! Nous gardons de ce passage à Pondichéry et à la Swades Guesthouse un très heureux souvenir.